La lettre d'amour de Kylian Mbappé aux banlieues
Le footballeur se livre à travers un texte poignant rempli d’anecdotes.
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“Aux enfants de Bondy, aux enfants d’Île-de-France, aux enfants des banlieues, je veux vous raconter une histoire“. C’est par ces mots que Kylian Mbappé débute une lettre postée sur le site The Players’ Tribune. Une missive 2.0 dans laquelle il raconte quelques anecdotes et rend hommage à ses racines à Bondy, ainsi qu’aux jeunes de banlieues comme il le faisait déjà dans notre Digital Cover.
Quelques extraits de la lettre de Mbappé :
Quand j’avais trois ans, il (mon père, ndlr) m’a offert pour mon anniversaire un petit 4×4. Vous savez ceux avec un petit moteur électrique. Vous pouvez vous asseoir à l’intérieur et les conduire. Il y avait des pédales et tout ça. Mes parents me laissaient le conduire depuis notre maison jusqu’au terrain de foot de l’autre côté de la rue, comme si j’étais un vrai footballeur qui conduisait pour aller à l’entraînement. Je prenais ma routine très au sérieux. Tout ce qu’il me manquait, c’était ma trousse de toilette.
Nous vivons là-bas dans un incroyable mélange de différentes cultures – française, africaine, asiatique, arabe, tous les coins du monde. Les gens en dehors de France parlent toujours des banlieues de façon négative mais quand vous n’êtes pas de là-bas, vous ne pouvez pas comprendre ce que c’est. Les gens parlent de délinquants comme s’ils avaient été inventés là-bas. Mais il y a des délinquants partout dans le monde. Il y a des gens qui galèrent partout dans le monde. La réalité est que quand j’étais petit, j’avais l’habitude de voir certains des gars les plus durs de mon quartier porter les courses de ma grand-mère. Vous ne voyez jamais ce côté-là de notre culture aux infos. Vous entendez toujours parler du mauvais, jamais du bon.
Mes copains et moi, on n’espérait pas devenir footballeurs professionnels. On ne s’y attendait pas. On ne l’a pas planifié. On en rêvait. C’est différent. Certains enfants ont des posters de super héros sur les murs de leurs chambres. Les nôtres étaient couverts de footballeurs. J’avais tellement de posters de Zidane et de Cristiano. (Pour être honnête, quand j’étais plus grand, j’ai aussi eu des posters de Neymar, ce qu’il trouve très amusant mais ça c’est une autre histoire !)
Je me rappelle que l’on avait ce tournoi dans notre collège – pour les classes de 6e, 5e, 4e et 3e – et c’était comme la Coupe du Monde pour nous. On jouait pour gagner un trophée en plastique qui valait 2 euros mais on traitait ce tournoi comme si c’était un cas de vie ou de mort. Dans le 93, ton honneur est toujours en jeu. Et c’est marrant parce que la règle était que chaque équipe devait être mixte. Filles et garçons. Malheureusement, toutes les filles ne voulaient pas jouer dans le tournoi donc on devait négocier. Je me rappelle avoir dit à une copine que si elle donnait tout sur le terrain et que l’on gagnait la Coupe, je lui achèterais un nouveau livre de coloriage. Je la suppliais.
(…) j’étais vraiment un bon joueur mais le tournant pour moi – vraiment le tournant de toute ma vie – a été la Coupe de Seine-Saint-Denis quand j’avais 11 ans. On a atteint les demi-finales et le match a eu lieu dans un vrai stade, à Gagny et je me rappelle même que c’était un mercredi. C’est vous dire à quel point ce souvenir est présent dans ma mémoire. Je n’avais jamais joué dans un stade aussi grand avant, avec autant de spectateurs. J’étais terrifié. Je veux dire, vraiment, je n’arrivais presque pas à courir tellement j’avais peur. J’ai à peine touché le ballon. Et je n’oublierai jamais, après le match, ma mère est descendue sur le terrain et m’a attrapé par les oreilles. Pas parce que j’avais mal joué. Parce que j’avais eu peur.
L’intégralité de la lettre est à retrouver sur le site de The Players’ Tribune.
Kylian Mbappé avait été célébré à Bondy à travers une gigantesque fresque.