Entretien avec Wale, sage dinosaure de l'industrie du hip-hop US

Loin de la course aux hits, le rappeur ne veut pas se noyer.

Musique 

Mastodonte de la scène rap US, Wale a connu une fin d’année 2019 mouvementée avec la sortie de son dernier album Wow… That’s Crazy, unanimement salué par la critique et bien accueilli par le public du monde entier. En plus de 15 ans dans le rap game, le rappeur de Washington D.C a su se faire une place parmi les grands noms de la scène internationale après avoir fait sensation dans la capitale américaine.

Accompagné par pléthore d’invités de marque comme 6LACK, Bryson Tiller, Ari Lennox ou encore SZA et Kelly Price, Wale rappe quelques-uns de ses thèmes favoris sur son dernier projet, de ses relations tumultueuses avec la gent féminine à la santé mentale en passant par sa relation houleuse avec la fame et le succès en enchaînant les titres façon ‘club bangers’, des morceaux dansants ou bien fortement marqués hip hop. Une diversité musicale et un flow facilement reconnaissables qui ont fait sa renommée d’aujourd’hui.

Photos Wale

De passage à Paris dans le cadre de sa tournée européenne, Olubowale Akintimehin Victor, de son vrai nom, a accordé un entretien à HYPEBEAST FRANCE quelques heures avant son concert enflammé à La Bellevilloise. L’occasion d’évoquer avec lui ce dernier opus, mais également la nouvelle génération de rappeurs aux États-Unis, jusqu’à son superbe hommage rendu à Kobe Bryant après la disparition tragique de ce dernier fin janvier. Entretien.

HYPEBEAST FRANCE : Wale, comment ça va ? Paris te plaît ?

Wale : Du peu de temps que nous avons ici, oui j’aime vraiment ce que je vois. C’est peut-être ma quatrième fois à Paris. C’est le point central de la Fashion dans le monde, tout déchire ici.

Toi qui a déjà donné un concert à Paris, et qui étais à Amsterdam hier dans le cadre de ta tournée, tu vois une différence entre tes tours aux US et ceux que tu donnes en Europe ?

Il y a quelques années, j’avais déjà fait un concert à Paris. C’était lourd ! Mais comme cela fait longtemps que je n’ai pas fait une tournée en Europe, je n’ai pas trop d’éléments de comparaison. Et puis toutes les expériences sont différentes. Cela dit, le hip-hop, lui, est universel, tu vois ? Parfois, on a même tendance à sous estimer à quel point le public connait bien notre musique par ici.

Ton dernier album, Wow… That’s Crazy a été unanimement salué par la critique. Qu’as-tu ressenti au moment de mettre la touche finale à ce projet ? Tu as un morceau favori ?

Je me suis senti libéré. J’ai passé beaucoup de temps à travailler sur ce projet. Beaucoup de fierté aussi. Je pense que c’est mon meilleur album à ce jour. Je ne peux pas vraiment choisir de morceau favori, je ne peux jamais d’ailleurs, même sur les autres albums. Mon projet est un tout indissociable.

Quels sont tes plans pour l’année 2020 ? On peut s’attendre à un autre opus ou tu vas prendre un peu de temps pour toi ?

Mes projets pour cette année ? Je dois d’abord faire en sorte que le monde entier écoute mon album. Comme c’est mon meilleur projet selon moi, c’est très important pour moi que les gens puissent trouver le temps de l’écouter. D’autant qu’il y a beaucoup de bruit, beaucoup de traffic dans la musique d’aujourd’hui. Donc, je ne veux pas le noyer avec d’autres choses. Je veux que les gens mettent leurs mains dessus.

Cela fait maintenant 15 ans que tu arpentes l’industrie musicale. Comment tu résumerais ton expérience jusqu’ici ?

J’ai eu des hauts et des bas mais mon aventure dans ce game a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

En tant que spectateur avisé de son évolution, on aurait voulu faire un petit bilan sur l’industrie musicale d’aujourd’hui. Quel est ton regard sur la nouvelle génération ?

C’est dur de faire un bilan à proprement parler. Mais je dirais qu’il n’y a plus vraiment d’équilibre. Beaucoup de gens font de la musique exactement de la même manière, du même genre. Mais, c’est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions, je trouve. Je connais aussi beaucoup de personnes qui travaillent très dur. Mais c’est vrai qu’il semble y avoir bien moins de couleurs dans la palette musicale qu’auparavant, si on peut dire ça comme ça.

Est-ce que c’est plus facile de connaître le succès aujourd’hui que ça pouvait l’être “à l’époque” ? Est-ce que c’est plus important d’être connu plutôt que reconnu aujourd’hui ? 

Carrément oui. De nos jours, n’importe qui peut devenir viral en un rien de temps. Et on en est même à avoir une vision biaisée du succès. Aujourd’hui, quelqu’un peut exploser en une nuit, avec un seul morceau. Alors qu’avant, pour certains, il fallait quatre, cinq, peut-être même dix ans pour gagner le respect. Je suis définitivement d’accord avec ça, cette tendance du fame for the fame. Beaucoup de rappeurs vont préférer avoir un succès éclair et éphémère et non plus des fondations solides dans leur travail. Il faut qu’ils soient le centre de discussion tout le temps car ils n’ont pas de background sur lequel s’appuyer, pas de références. Ils ne cherchent pas la reconnaissance sur ce qu’ils ont pu faire auparavant mais plutôt le succès de l’instant.

Tu te présentes souvent comme l’ambassadeur de la musique de la capitale, toi qui viens de Washington. Que penses-tu de la scène rap de D.C ?

La scène rap de Washington est super en ce moment. Imaginer être à cette position aujourd’hui il y a quinze ans semblait impossible. Je suis très fier de ça. Beaucoup d’entre nous sont en train de faire du bruit et c’est super.

Sur un tout autre sujet, on a vu que tu as récemment rendu un très bel hommage à Kobe Bryant lors d’un show à Houston après sa disparition tragique. Tu peux nous en dire un peu plus sur ta relation avec lui ?

J’ai rencontré Kobe pour la première en… 2008, je crois. Non, c’était en 2009 pour la soirée GQ Man of the Year. C’était le mec le plus cool de la pièce, tu vois ce que je veux dire ? Je pense que ce qu’il représentait pour le monde dépassait largement le cadre du basket. Et la personne qu’il était en train de devenir était tout aussi inspirante. Sa carrière post-basket allait être folle. Mec… c’est sûrement la chose la plus tragique qui est arrivée de notre vivant en ce qui concerne le sport. C’est terrible.


Et pour plus d’entretiens, nous avons récemment rencontré Buddy, le nouveau visage du rap californien et petit protégé d’un certain Pharrell Williams.

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Pete Casta/Hypebeast France
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