Procès Booba/Kaaris : Le Procureur A Requis 12 Mois De Prison Avec Sursis
Le procès tant attendu ouvre ses portes.
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Feuilleton de l’été depuis la rixe qui a explosée entre Booba, Kaaris et leurs équipes au cœur de l’aéroport d’Orly le 1er août dernier, le procès des 11 protagonistes ayant participé à la bagarre avait lieu hier jeudi 6 septembre au tribunal de Créteil. Appelés à la barre pour “violences aggravées” et “vols en réunion”, l’audience mettant aux prises Kaaris et Booba a commencé aux alentours de 13h pour s’achever dans la nuit. Au terme de celle-ci, le procureur a requis 12 mois de prison avec sursis pour Booba et Kaaris et des peines allant de 8 mois ferme à la relaxe pour les autres prévenus. S’ils encourent une peine allant jusqu’à 10 ans de prison, le jugement étant rendu en délibéré, le verdict sera prononcé le 9 octobre prochain au tribunal correctionnel de Créteil.
Ce procès tant attendu a été ponctué de nombreux rebondissements et comme depuis leur mise en détention provisioire qui a duré du 3 au 23 août les deux camps se sont rejetés la faute en invoquant tour à tour la légitime défense. Kaaris a été le seul à présenter ses excuses à la barre avant le visionnage des vidéos de l’aéroport d’Orly.
Procès Booba/Kaaris, “les petits bourgeois du clash”
Avec un dispositif de sécurité à la hauteur de l’évènement et l’effervescence créée par la présence des fans et des médias, le tribunal de Créteil a repris des airs de showcase ce jeudi 6 septembre. Risquant jusqu’à 10 ans de prison, les deux rappeurs Booba et Kaaris étaient bien présents, accompagnés des onze autres prévenus qui ont causés plus de 50 000€ de dommages à l’aéroport d’Orly le 1er août dernier. Principalement accueillis par des partisans de Booba et le T-shirt d’Élodie “Libérez Le DUC” qui a fait le tour de la toile, les deux équipes ainsi que leurs avocats sont entrés dans la salle d’audience peu après 13h.
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Photo : Kocila Makdeche
Live tweets interdits par la juge dans un soucis de “sérénité des débats”, la médiatisation des prévenus implique les mêmes précautions que lors de l’audience en comparution immédiate du 3 août dernier. Après deux premières heures de balbutiements à cause de l’absence d’interprète anglais pour le rappeur haïtien Gato da Bato et la requête en nullité de la procédure des deux camps qui ont manqué de temps pour préparer leurs défenses lors de la comparution immédiate, Kaaris est le seul à se présenter à la barre pour présenter ses excuses. “J’ai dû me défendre. J’ai dû porter des coups. Mais aujourd’hui, je suis dans une position d’apaisement. Mais je ne suis pas à l’origine de cette rixe. Voilà, je suis désolé.” Fidèle à son attitude tranquille et paternelle montrée pendant ses quelques jours de liberté sur les réseaux, le Dozo semblait apaisé durant la séance.
L’audience est déjà suspendue… Il faut trouver un interprète pour un des prévenus qui ne parle qu’haïtien ou anglais… 😓
— Arthur (@ArthurBlanquet) September 6, 2018
S’en est suivi le visionnage des vidéos de la rixe, après un court fou-rire provoqué par l’irruption d’un morceau de Booba lors du branchement des enceintes de la salle. Selon un bon nombre des journalistes présents sur place, difficile de distinguer à qui appartiennent les silhouettes sur les enregistrements flous, qui montrent des individus habillés en noir, blanc ou gris. Appelé à la barre, Booba affirme qu’il s’est défendu se “sentant encerclé, menacé”, et qu’il a ainsi décidé de ”porter le premier coup, un coup sans conviction, je ne le touche pas : c’est un coup d’intimidation”. La version du sevranais Kaaris à la barre est bien différente et il affirme qu’il a vu Booba ”foncer dans sa direction” avant de se faire insulter ce qui l’aurait poussé à vouloir “se mettre en sécurité”. Sceptique à la vue des vidéos, la présidente lui répond que dans une des vidéos “on ne voit pas (Booba) foncer sur vous, vous allez à sa rencontre”.
Les clashs sur les réseaux sociaux qui ont fait rage depuis 2014 ont aussi été rappelés ainsi que le passé riche en clashs de Booba, notamment par l’avocat de Kaaris, Maître David Olivier Kaminski. Sans exprimer de regrets, Booba conclut “J’aurais préféré prendre mon avion, aller à Barcelone faire mon concert et être payé que de me battre et d’aller en prison.” Vers 22h, après une courte interruption, l’audience a repris et c’est le gérant de l’un des duty-free de l’aéoroport qui réagit: “C’est une très mauvaise publicité pour tout le monde.(…) J’ai entendu très peu de regrets ce soir.” Une représentante des Aéoroports de Paris conclut: ”S’il y a une victime ici, c’est bien l’Aéroport de Paris.”
C’est peu avant 23h que le procureur général a demandé une peine de 12 mois avec sursis pour Kaaris et Booba. La même peine a été demandée car le procureur ne veut pas faire de différence entre “ces petits bourgeois du clash, qui n’assument pas et ont offert un spectacle indigne.” Quant à l’entourage des deux rappeurs, les peines demandées vont de la relaxe à dix mois de prison ferme.
#Booba #Kaaris : Les réquisitions viennent de tomber. Le procureur a requis une peine de 12 mois avec sursis contre Booba et Kaaris.
— Vincent Vantighem (@vvantighem) September 6, 2018
#Booba #Kaaris : Le procureur n’a pas souhaité de faire de différence entre “ces petits bourgeois du clash, qui n’assument pas et ont offert un spectacle indigne”.
— Vincent Vantighem (@vvantighem) September 6, 2018
D’Instagram à Orly Ouest
Libérés en échange d’une caution de 30 000€ le 23 août dernier, les deux rappeurs avaient été maintenus en détention provisoire depuis leur bagarre survenue dans le Hall 1 du terminal Ouest de l’aéroport d’Orly. L’affrontement avait causé le retard de plusieurs vols et 50 000€ de préjudices et de dommages au niveau des boutiques duty free. Les anciens amis devenus ennemis depuis 2014 se lançaient régulièrement des pics sur Instagram mais n’en étaient jamais venus aux mains auparavant.
Bookés pour des showcases le même soir dans deux boîtes de nuits voisines de Barcelone, les deux colosses se sont retrouvés nez à nez dans la salle d’embarquement, le 1er août dernier. Des images de la bagarre ont fait le tour de la toile et même du monde à une vitesse grand V et les réseaux sociaux se sont rapidement emparés de la rixe mettant aux prises plus de 10 personnes dont 11 ont été interpellées. Alors que les deux parties ont clamé la légitime défense, les différents avocats ont eu recours à des vidéos postées sur Instagram ou Snapchat pour structurer leurs plaidoiries.
Booba/Kaaris, chacun sa défense
À quelques minutes du procès, l’avocat de Kaaris David-Olivier Kaminski avait décidé de s’exprimer auprès de 20minutes en déclarant : “C’est un dossier simple. Il y a un groupe d’agresseurs, celui de Booba. Et un groupe d’agressés, celui de Kaaris.” De son côté Yann Le Bras, l’avocat chargé de la défense de B2O avait préféré gardé le silence. Attitude à l’opposé du comportement des deux rappeurs sur les réseaux sociaux.
Quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile. 10 ans pour une bagarre, c’est avec ou sans le streaming ? #uneépoqueformidable
— Booba (@booba) August 21, 2018
Avec un tweet clamant l’injustice depuis sa prison, Booba avait annoncé la couleur. Jouant d’ironie et de second degré sur sa situation sur les réseaux en lançant le hashtag #irréprochable, Kopp n’y est pas allé de main morte. Le D.U.C a même trouvé le temps de s’en prendre à son ancien protégé Damso pendant sa période en liberté. Kaaris, de son côté, a joué le rôle du père modèle en postant des photos et des vidéos de lui auprès de sa fille en lui racontant l’endroit difficile qu’est la prison.