CNN Se Penche Sur Le "Faux" Label Supreme Dans Un Reportage

Alors que la bataille juridique entre la marque new-yorkaise Supreme et le “faux” label Supreme Italia fait beaucoup parler la communauté streetwear depuis quelques mois, CNN s’est intéréssé au sujet et nous explique comment le “faux” label a légalement le droit de vendre ses produits.

Depuis sa création en 1994, Supreme s’est imposé comme l’un des labels les plus populaires au monde, son logo étant même le plus convoité en 2018 selon Lyst. Un succès qui attire évidemment les imitations frauduleuses depuis plusieurs années, les vêtements et accessoires copiant les designs Supreme étant les contrefaçons les plus populaires au monde. Une entreprise connue sous le nom de Supreme Italia a même réussi à fonder une marque imitant les designs du label new-yorkais. Une “fausse” marque qui a pris tant d’ampleur que Samsung annonçait même en octobre dernier une collaboration avec Supreme Italia avant de se rétracter suite aux réactions à cette déclaration. Le “faux” label compte cependant continuer à vendre ses produits à travers le monde, et ce en toute légalité.

La pratique du “fake légal”

En effet, Supreme Italia a profité du fait que le label new-yorkais ne possède pas la marque “Supreme”, difficile à déposer étant donné la généralité du terme, en devenant un “fake légal”, qui est une “pratique consistant à déposer une marque dans un pays avant que le propriétaire originel de la marque ne le fasse” témoigne à CNN l’avocat spécialisé dans le dépôt de marques Alessandro Balduzzi. Une stratégie que l’International Brand Firm, propriétaire de Supreme Italia, a appliquée dans 67 pays à travers l’Europe et l’Asie, en déposant la marque “Supreme” avant Chapter 4, la société derrière la marque new-yorkaise. Grâce à cette pratique, Supreme Italia a ainsi pu remporter en 2017 le procès qui l’opposait au vrai label en Espagne et à ouvrir une boutique à Barcelone afin de vendre ses produits sous l’appelation Supreme Spain. La marque new-yorkaise a cependant eu gain de cause en Italie, le “faux label” ayant désormais l’interdiction de vendre ses produits sur le territoire italien. Mais cet accroc n’a pas l’air de freiner les intentions du “faux” label.

Supreme Italia souhaite rendre la marque plus accessible

En effet, IBF souhaite continuer l’expansion de Supreme Italia en ouvrant plus de soixante boutiques en Asie d’ici deux ans. Une première boutique ouvrait d’ailleurs à Shanghai il y a quelques jours. Et si certains y voient seulement une manière de profiter du succès du label new-yorkais, Supreme Italia affirme vouloir permettre au plus grand nombre d’acquérir les produits Supreme comme le confie l’avocat d’IBF Simona Lavagnini pour CNN : “Il y a peu de boutiques dans des pays Européens si ce n’est certains privilégiés comme le Royaume-Uni ou la France, puis il y a un site web où il est théoriquement possible d’acheter les produits, mais ils sont très vite en rupture de stock.. Ensuite la seule façon d’acheter le produit est d’aller sur ces sites de resell où tout est vendu à des prix beaucoup plus élevés.” Giovanni Casucci qui représente Supreme rétorque : ”Ils ne sont pas Robin des Bois. Je pense que c’est un cas typique de profit indu de la réputation d’une autre marque.” 

Quels que soient les réelles motivations de IBF, le conflit entre les deux Supreme devrait se poursuivre étant donné la volonté farouche du “faux” label de s’implanter en Europe et en Asie. Le vrai Supreme pourrait cependant freiner le développement de Supreme Italia en déposant la marque en Europe auprès de l’European Union Intellectual Property Office. Si la requête a été rejetée en avril 2018, Chapter 4 a fait appel et attend toujours la décision finale.

Pour en apprendre plus sur la bataille juridique qui oppose Supreme et Supreme Italia, regardez la vidéo de CNN ci-dessus et découvrez l’enquête complète sur leur site.

Concernant la culture du resell dont Supreme est l’un des acteurs principaux, nous nous demandions comment était fixé le prix des produits avec les experts d’AfterDrop.