Comment Lou Matheron, jeune photographe enrôlée par Nike, en est venue à imaginer une paire d'Air Max vendue au grand public
Une paire spéciale “Paris”.
Il y a un an Nike lançait son programme Nike On Air, durant lequel des créatifs étaient invités à imaginer leur paire d’Air Max. Pour ce faire, des ateliers avait été installés à Paris, Tokyo, Londres, New York City, Seoul et Shanghai et un jury composé de designers du Swoosh avait été mandaté pour sélectionner les paires gagnantes. Mais le concours ne s’est pas arrêté là. La firme américaine a voulu pousser l’expérience à son maximum en invitant les heureux gagnants à Portland, siège de Nike, pour peaufiner leur paire inédite. En France c’est la photographe Lou Matheron qui a eu la chance de bénéficier des conseils des designers du Swoosh. Après plusieurs jours passés à leur côté la française a pu finaliser sa Air VaporMax Plus “Work in Progress” initialement imaginée à Paris et pour Paris.
Un an plus tard Lou a mis en vente sa création sur le site de Nike et était de retour à Paris pour le lancement de cette dernière à l’occasion d’un autre événement organisé par le Swoosh, “The Paris Department”. Un nouvel atelier durant lequel la jeunesse créative a pu rencontrer elle aussi les designers de Portland. L’occasion aussi de revenir sur le processus de création de Lou, accompagnée par Courtney Dailey, Vice-présidente de la couleur et du design chez Nike.
HYPEBEAST FRANCE : Quelles étapes/difficultés as-tu rencontré et auxquelles tu ne t’attendais pas dans l’ensemble du processus ?
Lou Matheron, photographe : Je pense que je ne réalisais pas à quel point le processus de création d’un design prenait du temps, et le nombre de personnes impliquées. Je ne dirais pas que ce sont des difficultés tout particulièrement, mais c’est vrai que certains détails de mon design étaient un peu problématiques sur le premier sample, tels que les vis, le tournevis et la sangle. C’étaient des détails déterminants pour moi, mais on m’a dit au début du process qu’ils seraient impossibles à réaliser. Cependant, grâce au soutien des designers de chez Nike et après de nombreux échanges entre Paris et Portland, nous avons réussi à convaincre Nike de les réaliser.
HB FR : Avec qui as-tu travaillé à Portland et qu’est-ce que ces rencontres ont changé dans la vision de ta sneaker ?
LM : Lorsque nous avons bossé sur le premier sample à Portland, j’étais entourée notamment de Julianna, une française qui bosse maintenant aux WHQ, ainsi que de Dylan Raasch, une figure ! Ils m’ont beaucoup aidé à améliorer le proto, à le rendre plus lisible et subtil. Surtout, ils ont soutenu à fond mon projet même quand on me demandait de faire des concessions sur des détails que je ne voulais pas lâcher.
HB FR : Tu es photographe et tu dis aimer capter ce qui peut se passer en seulement 1/25ème de secondes. Qu’est-ce que tu aimerais que l’on voit en regardant ta sneaker aussi vite qu’un clic d’appareil photo ?
LM: C’est embêtant parce qu’il y a beaucoup de détails sur la paire même si on ne s’en rend pas forcément compte à première vue, alors en 1/25eme de seconde, c’est rude…
HB FR : Tu es inspirée par le Grand Paris et tous les travaux qui découlent de cet agrandissement de la capitale. Ta sneaker peut-elle, elle aussi, être en travaux ? Être amenée à se construire encore ?
LM : Oui, je voulais vraiment que ceux qui portent la paire puissent la “construire”, la porter à leur façon, pour aller dans la continuité de mon concept ; c’est pour ça que j’ai voulu mettre des Swoosh interchangeables, qu’il y a des vis et un tournevis, et que la sangle peut être portée ou non et n’est pas attachée à la chaussure. Amenée à se construire encore je ne sais pas, ce serait m’avancer un peu.
À gauche : Lou Matheron. À droite : Courtney Dailey, Vice-présidente de la couleur et du design chez Nike.
HYPEBEAST FRANCE : Les tendances actuelles sont au “rétro-futur”, “workwear”. Comment en tant que designer vous essayez d’être dans la tendance sans non plus l’épuiser ?
Courtney Dailey, Vice-présidente de la couleur et du design chez Nike : Nous travaillons en équipe pour créer des idées et des histoires qui, selon nous, apporteront quelque chose de nouveau au marché, qui inspireront nos consommateurs et qui nous aideront à imaginer les chaussures les plus cool. Les tendances que vous mentionnez étaient des idées que nous avions il y a plus de deux ans. Nous faisons des recherches, regardons à travers tous les domaines de la vie, des transports et regardons également la façon dont les gens se déplacent ; la technologie et ses influence sur nos vies ; le sport et l’activité et son évolution au niveau mondial… On va également dans le concret avec un regard sur l’art, l’architecture, la musique, le design et la mode. Nous essayons d’être en avance sur le tendance, pour aider à définir les tendances justement. En tant que créatifs, ça peut-être un peu ennuyeux à suivre.
HB FR : Pour vous, la couleur est la clé du design. Vous mentionnez que les gens construisent leur tenue autour de la couleur de leur chaussure. Pensez-vous que les gens choisissent d’abord leurs chaussures puis décident quoi porter pour la journée ?
CD : Les gens créent leur look personnel de plusieurs façons. Parfois c’est à partir de la chaussure et parfois du vêtement. Dans tous les cas, en tant que concepteurs de couleurs, nous essayons de nous assurer que les gens ont le choix entre le plus élémentaire et le plus expressif, de sorte qu’ils puissent avoir une paire de Nike pour toutes les occasions !
HB FR : Si nous parlons de Lou, vous étiez là l’année dernière quand elle a créé son design. Comment décririez-vous l’évolution de son travail presque un an plus tard ?
CD : C’est génial de voir l’énergie et l’enthousiasme que tous les gagnants d’ON AIR de 2018 ont apporté à leurs projets et à leurs villes. Lou a toujours été humble et douce, une vraie personne créative, et sa célébrité n’a pas changé cela. Je pense qu’elle a appris davantage sur la façon dont les chaussures sont fabriquées, à quel point chaque étape et chaque décision sont prises en compte. Elle avait la plupart des idées au début, et nous voulions être là pour réaliser son projet.
