Comment, En 2019, Une Marque Comme Gucci Ne Peut Anticiper Une Polémique Liée Au Racisme ?
La vraie question derrière les dernières polémiques.
Au tour de Gucci de faire face aux accusations de racisme. La Maison italienne, marque la plus populaire au monde, a récemment été interpellée sur les réseaux sociaux pour un pull de son actuelle collection hivernale (commercialisé à 785€, ndlr), pull à mi-chemin entre col roulé et cagoule, dont la bouche est cerclée de lèvres rouges surdimensionnées. Ces dernières ont été vues par nombre d’internautes comme un blackface, représentation caricaturale et raciste qui avait notamment fait parler par le biais d’Antoine Griezmann.
Face aux déferlement de critiques, Gucci a très vite réagi. La griffe a publié ce jeudi un communiqué pour s’excuser, et par la même annoncer qu’elle retirait le pull de la vente. “Gucci s’excuse profondément pour l’offense causée par ce pull. Nous considérons la diversité comme une valeur fondamentale qui doit être soutenue et respectée, et au premier plan de toutes les décisions que nous prenons. Nous nous soucions de développer la diversité à travers notre entreprise, et considérons cet incident comme une importante leçon donnée à l’équipe Gucci et au-delà“, peut-on y lire.
Gucci deeply apologizes for the offense caused by the wool balaclava jumper.
We consider diversity to be a fundamental value to be fully upheld, respected, and at the forefront of every decision we make.
Full statement below. pic.twitter.com/P2iXL9uOhs— gucci (@gucci) 7 février 2019
Mais… comment est-ce possible ?
Ce n’est pas là le premier faux pas auquel on assiste dans la mode. Au vrai, ils semblent même se multiplier ces derniers mois : Dolce & Gabbana a déclenché l’ire des internautes avec des spots publicitaires, Prada avec ses personnages “Pradamalia”. Les erreurs ne se limitent pas au luxe non plus, dans la mesure où H&M a fait scandale avec un sweat pour enfants, et qu’adidas retirait ces derniers jours encore une sneaker blanche de sa collection “Black History Month”, censée rendre hommage à l’Histoire et à la culture afro-américaine. L’excuse est toujours la même : toute ressemblance du produit avec l’objet de la polémique “est fortuite“, “non intentionnelle“. Mais devant une telle multiplication, on se demande bien comment ces marques, prestigieuses et/ou globales, n’ont pu anticiper de telles erreurs. Parce que la vraie question n’est finalement pas de savoir si ces différentes pièces sont ou pas polémiques, mais bien de savoir pourquoi les marques n’ont pas vu en elles la potentialité d’offense.
Dans ces entreprises, on imagine en effet une flopée d’étapes et d’analyses entre les premiers croquis et la commercialisation d’un produit. De quoi être étonné qu’aucun employé impliqué dans ces diverses étapes n’ait jamais émis de doute sur leur caractère déplacé. Diet Prada parle d’un “cruel manque de connaissance du contexte culturel” de la part des marques, ce qui doit engendrer une prise de conscience et la révision des procédures. En ce sens, Prada a certainement montré l’exemple. À la suite de la polémique qu’elle a suscitée, la Maison s’est engagée à améliorer ses “formations à la diversité“, et surtout à “former immédiatement un conseil consultatif” afin de guider ses “efforts en matière de diversité, d’inclusion et de culture“. Un geste bienvenu, qui se doit d’inspirer.