Installation en Europe, modèle de distribution révolutionnaire... Les patrons de StockX se livrent sur les nouvelles stratégies de la plateforme

Rencontre avec l’un des fondateurs et le nouveau CEO.

Mode 

À l’image du marché florissant de la sneaker aux quatre coins du monde, StockX se porte bien, merci pour lui. Véritable référence du resell de sneakers donc, mais aussi de streetwear, la plateforme inspirée du marché boursier a d’ailleurs franchi récemment la barre du milliard de dollars en cotation. Un succès incroyable pour une entreprise qui n’existait pas il y a encore quatre ans. Et s’il fallait encore un signe de son influence toujours grandissante, voilà qu’elle a lancé son implantation en Europe avec deux nouveaux centres d’authentification en Angleterre et aux Pays-Bas. Après avoir mis à disposition la langue de Molière sur son site internet, la plateforme créée en 2015 par Dan Gilbert, Greg Schwartz et Josh Luber se rapproche donc encore un peu plus de la France.

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Josh Luber, co-fondateur de StockX. Crédits : StockX.

L’Europe et la France, destinations logiques pour répondre à une promesse

Pourquoi cet ancrage sur le marché européen ? Nous avons pu poser la question directement au nouveau CEO de StockX Scott Cutler et à l’un de ses fondateurs Josh Luber, à l’occasion de leur passage à Paris pour l’évènement StockXchange. Pour eux, l’installation continentale répond autant à une promesse, celle de l’accès pour tous aux produits, qu’à une logique, l’Europe étant avec la Chine le deuxième plus gros consommateur de leur plateforme.

“Je pense que c’est le meilleur moment pour nous de s’installer en Europe. Pour moi, le plus important, c’est la démocratisation de l’accès. Il faut que tout le monde de n’importe où dans le monde soit égal devant l’accès des pièces, détaille Scott Cutler. En dehors des US, l’Europe est sans doute notre plus grand marché en termes de consommateurs et de transactions. Nous voulons satisfaire la demande de manière globale”. Le succès de StockX tient d’ailleurs à cela : une incroyable compréhension du marché et la mise en place d’une interface claire et simple d’utilisation pour ses clients, le tout avec la garantie de recevoir un produit authentifié. Et l’assurance, aussi, de payer le “juste” prix, celui du marché, puisque StockX propose une valeur marchande en temps réel des produits disponibles sur sa plateforme.

“La chaîne sera désormais beaucoup plus courte et la transaction plus efficace”, se réjouit Josh Luber, qui vante aussi la position préférentielle de l’Hexagone dans ce marché. Une idée que Scott développe : “Comme nous voyons les choses, le plus important pour les consommateurs est l’accès à tous ces produits géniaux. Ils le veulent n’importe quand et depuis n’importe quel appareil. Et notre challenge est là. Rendre notre plateforme la plus disponible possible pour tous”.

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Un centre d’authentification StockX au Pays-Bas. Crédits : StockX.

Le développement de l’I.P.O comme objectif global

Mais plus qu’un accès privilégié pour ses consommateurs européens, la grande nouveauté de StockX cette année, et vraisemblablement pour celles à venir, se nomme I.P.O. Un procédé, là encore, emprunté au marché boursier. Concrètement, avec l’I.P.O (Initial Public Opening ou initiation en bourse en français), ce n’est plus la marque mais le consommateur qui décide du prix d’un produit via une série d’enchères aveugles. Une nouveauté qui a déjà fait ses preuves à l’occasion d’une opération rondement menée avec adidas sur trois modèles créateurs, qui aura bien fonctionné auprès du public.

“Pour nous, le futur se nomme I.P.O. Et nous ne voulons pas nous limiter aux plus grosses marques avec ce procédé. Nous voulons l’appliquer pour tout et continuer à faire converger le marché du resell vers celui du retail pour n’en faire plus qu’un. Ce modèle est le futur de StockX”, assure Josh Luber. Grâce à la démocratisation de l’I.P.O, les consommateurs en sortiront gagnant puisque désormais tout un chacun aura ses chances d’enfin mettre la main sur des paires rares, jusqu’alors difficiles d’accès. Et tout cela, sans forcément débourser d’énormes sommes.

“Quand le retail price est fixé de façon arbitraire par les marques, tu as des gens qui vont camper devant les magasins, payer des bots ou bien parfois soudoyer des managers et ce genre de non-sens. Aujourd’hui, sans l’I.P.O, il est quasiment impossible de mettre la main sur une paire chaude”, regrette Luber. “L’I.P.O permet de mettre un prix juste en fonction du marché et permet de garantir que les gens prêts à payer le plus puissent obtenir la paire, mais à un prix ‘final’ juste. Avec l’opération réalisée en partenariat avec adidas, 90% de participants ont pu obtenir leur paire pour moins que le montant de leur enchères. Et c’est là l’intérêt de tout le mécanisme.”

De nouvelles opérations prévues pour 2020

En plus d’être un formidable outil pour le consommateur, l’I.P.O offre également de toutes nouvelles informations d’habitudes de consommation pour les marques. Celles-ci ont l’opportunité de voir et mieux comprendre le prix que le consommateur est prêt à payer pour un produit donné, que ce soit au dessus ou en dessous de leurs attentes. “Ce sont ces données là qui informent les marques sur la cote d’une paire, ce qu’elles n’avaient pas auparavant, détaille Cutler. C’est un nouveau modèle intéressant pour eux aussi car c’est un accès aux comportements du consommateur qu’il n’avaient pas encore et que nous pouvons désormais délivrer”. 

L’objectif est clair : StockX veut populariser ce modèle d’enchères aveugles à grande échelle. L’année 2020 devrait d’ailleurs voir fleurir de plus en plus d’opérations de ce genre sur la plateforme. “2020 devrait être une bonne année pour nous avec plus d’opérations IPO du genre, avec d’autres grandes marques également”, conclut Scott Cutler. Plus que jamais, grâce à StockX notamment, la frontière entre retail et resell se fait poreuse. Pour le meilleur ?

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