Le Champion De FMX Tom Pagès
Le Champion De FMX Tom Pagès
Rencontre Avec Tom Pagès
Médaillé Aux X-Games Et aux Red Bull X-Fighters De Madrid.

Le FINIST’AIR SHOW était de retour pour sa douzième édition à Briec en Bretagne. Les plus grands artistes et athlètes internationaux de FMX et BMX s’étaient réunis sur un parc “dirt” (100% terre) pour ce festival 100% freestyle. Parmi les pro-riders, citons le médaillé or en freestyle X-games 2018, Tom Pagès, le champion du monde de BMX Alex Jumelin, le rider FMX Taka Higashino, la “machine” Vincent Massardier, les riders BMX DIRT, Jaie Toohey, Vincent Massardier, Jérémy Granieri, Ewan Gicqueau-Buquen, Maxime Bringer, Timothé Bringer, Istvan Caillet, Adolphe Silva, Simon Moratzet et Julian Miranda et bien d’autres. À cette occasion, nous avons posé quelques questions à Tom Pagès.

Tom Pagès est un pilote français (FMX) médaillé aux X-Games et aux Red Bull X-Fighters de Madrid. Il a débuté sa carrière en 2005, remporté sa première victoire en 2007, et en 2018, la médaille d’or en Freestyle Motocross aux X-Games à Minneapolis.

Le Motosport

Mon sport, c’est une motocross de 250 cm3 avec laquelle on peut faire de la compétition, aller sur des terrains ”dirt” à fond, ou faire comme moi, du jump sur un terrain de 23 mètres de long et effectuer de belles figures. Un saut avant, arrière, lâcher la moto, la reprendre car il faut retomber avec, le sport freestyle avec une moto c’est du fun, un peu de risque et de l’adrénaline, là où je trouve mon plaisir.

Le Champion De FMX Tom Pagès

Freestyle

On a la chance de pouvoir faire des prestations libres, contrairement au patinage artistique où ce sont des figures imposées. Mais on a un timing, pour un run de freestyle, on a 90 secondes à partir du chrono, pour réaliser un maximum de figures, en général on arrive à aller entre 8 et 10 figures. Par exemple, sur un événement comme le Finist’ Air Show, les jumps s’enchaînent, sur un run de 90 secondes, je dois être capable de faire 10/12 sauts très vite. Comme nous n’avons pas de figures imposées je dois y réfléchir, en inventer de nouvelles, les présenter avec celles déjà acquises pour créer la surprise pendant la compétition.

“Special flip : consiste à effectuer une rotation au-dessus de la moto” Dans le freestyle moto, comme dans le skate ou le vélo, il y a toujours une évolution donc moins de routine. C’est important et à la fin c’est presque de l’art, comme ici Alex que l’on voit sur son vélo, moi je trouve ça beau. Puis il y a un engagement personnel, c’est une volonté d’aller faire ce sport, il y a toujours un risque de se faire mal. On se comprend énormément avec d’autres sportifs et mes potes de Redbull car je fais partie de l’équipe Red Bull. Je croise beaucoup de sportifs, des skieurs, des break-dancers, ceux qui sautent en parachute, des motards comme moi… On partage énormément, comment chacun aborde le sujet, le sport, il y a énormément de respect, c’est ce que j’aime dans le sport : le respect, peu importe la discipline, car tout le monde sait que c’est un énorme travail.

Passion

J’ai toujours adoré la moto, j’ai un grand frère qui est un passionné de moto, j’ai toujours marché sur les pas de mon frère. J’ai fait beaucoup de vélo, du bmx étant plus jeune (les rues de Nantes n’ont plus aucun secret pour moi, j’ai habité Nantes étant plus jeune). Du bmx au skatepark, j’ai eu la chance de faire du motocross à l’âge de 15 ans, ce fut mon passage sur la moto. J’ai commencé le freestyle quand mon frère a débuté, ça ressemblait beaucoup au vélo, aux jumps dans les skateparks, un côté plus fun, le public que l’on n’a pas quand on fait du motocross en compétition, les potes car nous sommes une bande potes à rider le monde entier. Quand j’ai commencé, vivre de ma passion c’était déjà quelque chose d’énorme, les premières démonstrations, les premiers cachets, sortir de l’usine où je m’occupais de l’emballage des vélos, c’était déjà un pari gagné.

Travail

Chaque rampe a sa position, on va les changer pour certaines figures, je passe mes journées sur mon terrain, je m’entraîne le matin et l’après-midi  7 jours sur 7 depuis 2006. C’est ma douzième année. J’ai fait un break sur ma vie pour la dédier à l’actuelle, le jour où je prendrai ma retraite, je reprendrai ma vie. Un sacrifice que je ne regrette pour rien au monde, car j’ai une chance incroyable quand je regarde le monde autour de moi. Je me lève tous les matins à 7h, plus je vieillis plus j’aime ça, car un jour ça va s’arrêter. Passé 25 ans tu deviens un peu vieux, à 30 ans tu te demandes si tu pourras encore le faire, je regarde ma montre et je me dis, il te reste encore 3 ans.

Le Champion De FMX Tom Pagès

Sacrifices

Physiquement c’est difficile, est-ce que toute ma vie, je vais vouloir engager des figures compliquées, laisser ma famille derrière moi s’il m’arrive quelque chose… Je ne veux pas mettre de freins à ma carrière, je ne veux pas de facteurs extérieurs qui peuvent me troubler ou me freiner, je ne l’accepterai pas car j’ai travaillé dur pour que ça marche. C’est un peu comme les footballeurs qui arrêtent leur carrière tôt, certes pas avec le même salaire, quand on arrive à un certain niveau ce n’est pas l’argent qui nous motive, si demain je dois payer pour mon sport, je le ferai.

Blessures

Très peu mais ça m’est déjà arrivé, les ligaments croisés, l’épaule, une semaine d’arrêt. Les blessures c’est difficile car ça vous laisse sur la touche pendant que les autres avancent. Une carrière est faite aussi d’opportunités, le niveau serait différent si personne ne se blessait. C’est le problème de mon frère qui se blessait trop, il passait presque 6 mois sur la touche, voulant progresser deux fois plus vite, car le niveau avait augmenté, il prenait deux fois plus de risques de se blesser. J’ai eu une évolution plus lente qui m’a permise d’être plus constant et plus stable.

“Special flip : consiste à effectuer une rotation au-dessus de la moto”

Hygiène de vie

Tout ce que j’aimais bien manger me fait grossir à 30 ans, mais revenons à l’essentiel, la ligne pour les filles c’est mieux. L’énergie, la récupération se fait par les aliments mais je n’ai pas de restrictions alimentaires, je n’ai pas de coach, je n’ai pas d’entraîneur, nous sommes un sport où il n’y a pas de club, je n’ai pas un kinésithérapeute mais la seule chose qui est importante pour moi c’est ma psychologue.

Psychologie

Isabelle est arrivée en 2009, quand j’ai eu du mal à progresser, le manque de motivation et la peur ont fait que je ne m’engageais plus. Quand je suis arrivé sur place, elle m’a dit que personne ne pouvait me forcer à faire ce que je faisais. Ce fut une bonne réponse, j’ai donc beaucoup travaillé, je suis arrivé au meilleur niveau et j’ai gagné mes premières médailles grâce à elle. Notre sport c’est 90% dans la tête, et le reste de la technique. Un sportif professionnel c’est minimum deux heures de sport par jour, je crois plus aux effets bénéfiques de ma psychologue que 2h de sport tous les jours. J’ai modifié cette version, en passant ces heures de gym sur ma moto. J’ai passé deux fois plus de temps à m’entraîner sur ma moto, certains m’ont dit que j’allais me blesser car un moment il faut savoir récupérer. J’ai fait ça pendant un an, j’ai commencé à saturer puis j’ai poussé l’année suivante et j’ai tout cartonné. Je me suis écouté et je n’ai pas changé de rythme.

Reconversion

4 titres aux Red Bull X-Fighters De Madrid (coupe du monde de la moto, du sport extrême en Europe), puis Médaillé d’or Freestyle aux X-Games 2018. C’était un peu ce qui me manquait, la réaction de tout le monde fut “enfin” car ils savaient tous que c’était mérité.

Le travail il est fait, c’est plutôt à moi aujourd’hui de travailler l’après-moto. Je suis dans un sport qui est peu médiatisé avec peu de reconversions. Il faut trouver des opportunités, qui vont me permettre de préparer le futur, créer un avenir. J’aime performer, j’aime repousser mes propres limites, la compétition, donc une reconversion sportive ou autour du sport me plairait. J’ai appris énormément durant toutes ces années, de l’événementiel, à l’organisation, aux médias, la construction des rampes, la mécanique… j’aime tout faire, il y a plusieurs angles à explorer.

Le Champion De FMX Tom Pagès
Le Champion De FMX Tom Pagès

Souhait

De continuer d’avoir la chance de vivre de ma passion car ce n’est pas donné à tout le monde même si ce n’est pas de tout repos. Développer des figures qui sont de plus en plus difficiles, j’ai de moins en moins d’idées, peut-être que j’arrive au bout de mes capacités mais j’y crois. Il y a un X-Games pour la première fois en Australie, j’aimerais repartir avec la médaille, même si elle est moins importante que celle des États-Unis. L’année prochaine, repartir sur la même base et pourquoi pas un ou deux shootings ou un défilé Victoria Secret en coulisses (rires). Hollyman, dès la sortie de la rampe, le pilote doit monter ses pieds au guidon en fléchissant sur les jambes coincer ses pieds sous le guidon et enfin déplier son corps totalement

FINIST’AIR SHOW

Le Finist’Air Show est une association qui a vu le jour dans un petit champs en 2006, ils sont partis de rien, le public a répondu présent la première année, et ils sont devenus le plus grand show action sport en France. Au fil des années le festival s’est agrandi, c’est toujours agréable de revenir en Bretagne. Puis nous avons une piste énorme qui nous permet de nous exprimer correctement, et d’apporter les figures que j’ai travaillé toute l’année. Ils vont bientôt atteindre le même niveau que les X-Games, avec les mêmes pilotes. C’est une association à but non lucratif, l’argent gagné est réinvesti pour de nouveaux shows, ce sont des bénévoles. En venant, c’est les soutenir, c’est leur dire merci.

Report Dimanche V2 – FAS-2018 from Agence Stephanie Protet on Vimeo.


Credits
Image Credit
Antoine Truchet
Tags
Share