"The Space Between", Perdus Dans L'Espace-Temps Avec Majid Jordan

“Quand je monte sur le set, j’ai la sensation de rentrer dans un vaisseau spatial.”

Le voyage ou l’évasion fait souvent office de source d’inspiration chez l’explorateur. Que ce soit d’un bout du monde à l’autre, des terres à la côte ou de la ville à la campagne, parfois seul le périple compte et la destination importe peu. C’est ce temps passé en apesanteur que Majid Jordan a voulu représenter avec son dernier album The Space Between. De leur premier groupe Good People à OVO en passant par MC Solaar, le duo se passe les commandes à tour de rôle pour se découvrir dans ce laps de temps perdu entre deux concerts. Alors qu’ils se sont posés à Paris seulement quelques heures pour la tournée de leur dernier opus, Majid et Jordan racontent le chemin parcouru et les sentiers empruntés pour atteindre l’autoroute du succès sur laquelle ils naviguent depuis quelques années.

HYPEBEAST France : Comment s’est passé le concert hier ?

Majid Jordan : C’était incroyable, le concert était surréel. Nous pensions que Londres allait être notre meilleure date et même si c’était fantastique, je crois que Paris était notre meilleur show. C’était vraiment spécial. Le public a chanté chaque couplet et je sais que c’est difficile de chanter en anglais pour les Français donc ça prouve que c’était une belle soirée.

HB : Vous rendez-vous compte que c’est une prouesse de faire chanter les Français en anglais ?

MJ : Je pense que notre musique peut avoir cette simplicité qui la rend accessible à tous et lui permet de bien voyager. C’est cool que les gens puissent facilement chanter nos morceaux à travers le monde.

Photo De Majid Jordan

HB : Comment était-ce comparé à votre concert de 2016 ?

Jordan : La salle était deux fois plus grande cette année. Nous avons pu accumuler pas mal d’expérience depuis 2 ans. Nous avons fait beaucoup de festivals comme Coachella, Lollapalooza ou Osheaga où nous avons vécu des moments uniques. Dorénavant nous tentons plus de choses et nous interagissons beaucoup avec nos fans.

J’ai le sentiment que plus on se produit sur scène, plus on arrive à se transporter dans ce véhicule que représente The Space Between. Maintenant que je maîtrise parfaitement la configuration de la scène et le show, quand je monte sur le set, j’ai la sensation de rentrer dans un vaisseau spatial. C’est vraiment comme ça que je le perçois.

Majid : Même en terme de son et de lumière, notre set-up évolue et on repousse sans cesse nos limites. Jordan me surprend constamment et il n’y a pas un show où il ne tente pas quelque chose de différent. Ça rend chaque concert plus inspirant et on en ressort avec de nouvelles idées.

HB : Comment vous inspirez-vous de ces tournées ?

MJ : Nous essayons au maximum de nous imprégner de l’énergie qui émane de la foule. Le fait de vivre et de partager ces moments avec nos fans rend cette transmission assez naturelle.

 

“Mc Solaar… Je me souviens de son titre “Caroline” et du jeu de mots sur “l’as de trèfle qui pique ton cœur”… il était vraiment fort ce gars-là.”

 

HB : Pouvez-vous me citer des inspirations françaises ?

M : Nous en avons quelques unes comme Daft Punk, Sebastien Tellier, Ed Banger, Dj Mehdi, Mc Solaar,… je crois que c’est un des premiers rappeurs français à avoir bénéficié d’une réelle résonance internationale. Je me souviens de son titre “Caroline” et du jeu de mots sur “l’as de trèfle qui pique ton cœur”… il était vraiment fort ce gars-là.

J : Pour tous les gens de notre génération qui ont fait de la musique électronique, Daft Punk est une réelle inspiration. Ces mecs sont légendaires, ils ont toujours eu confiance en eux et ont continué d’investir dans leur musique à travers le temps. Je connais beaucoup de gens qui ont assisté à leur dernière tournée et qui ont affirmé sans aucun doute que c’était le meilleur concert qu’ils avaient jamais vu.

M : Les Daft Punk sont incroyables. Ils ont toujours su mettre à profit leurs ressources et les moyens à leur disposition pour devenir plus grand et progresser. Leur identité reste toujours la même mais ils continuent d’évoluer et de grandir et c’est naturellement qu’ils sont devenus une énorme source d’inspiration pour nous.

HB : Vous avez des inspirations qui traversent les décennies et vous n’appartenez à aucune mode ou courant musical actuel. Que pensez-vous de l’idée que Majid Jordan incarne “The Space Between” ?

MJ : Tout peut être original et différent selon l’angle duquel vous le regardez. Nous sommes très influencés par le passé et le présent et notre vision ou notre angle d’approche définit la musique que nous voulons créer.

Photo De Majid Jordan

HB : Vous avez fait connaissance à l’université, n’est-ce pas ?

M : C’est exact. Jordan est venu à mon anniversaire, nous avons bien accroché puis nous avons enregistré deux morceaux en une journée, “Hold Tight” et “Chill Pad Deluxe”. Ensuite tout s’est enchainé jusqu’à aujourd’hui.

HB : Quel genre de soirée était-ce ?

M : J’avais organisé mon anniversaire dans un bar appelé le Beacon’s Field. Malheureusement il a fermé depuis. J’attendais à l’extérieur du bar pour accueillir les gens et comme c’était un anniversaire surprise, j’ignorais qui allait se joindre à la fête. Jordan est arrivé avec mon pote Nathan et même s’il n’avait que 17 ans à l’époque, il avait une culture musicale impressionnante… Le fait qu’il écoute toute cette musique à 17 ans, j’ai compris qu’il n’était pas comme les jeunes de son âge de Toronto qui écoutait surtout de l’EDM ou de la trance comme Armand van Buren ou Tiesto.

Jordan était vraiment précoce pour son âge, je me souviens qu’à 17 ans, il écoutait des sons que j’ai appris à connaître quand j’avais 21 ans. Il en est de même pour les classiques du R&B underground car là d‘où je viens au Bahrein, on n’entend que le Top 40 Anglais car la culture est très influencée par la culture Britannique. Je ne connaissais que ces titres là et ceux que ma famille me faisait écouter. Ça restait majoritairement dans les années 80 ou 90 et Toronto m’a fait découvrir les années 2000 donc “right in the middle”. Je pense qu’on peut retrouver là “The Space Between”.

HB : Vous avez commencé en tant que Good People, qu’en reste t-il ?

MJ : Cette identité existe toujours et existera toujours.

 

“La seule raison pour laquelle je fais de la musique et pour laquelle j’en ferai toujours c’est mon frère Jordan. C’est comme ça. Il m’inspire chaque jour.”

 

HB : Vous avez collaboré avec Partynextdoor et dvsn sur votre album, puisque vous êtes tous signés chez OVO, dans quelle mesure cela joue sur votre processus créatif ?

MJ : Toutes nos collaborations se sont faites de manière très organique. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir passer du temps en studio avec ces artistes. Nous voulons juste créer de la musique et quand nous rentrons au studio, ça se fait naturellement avec tous les artistes avec lesquels nous collaborons.

HB : La scène musicale de Toronto est à son apogée, comment expliquez-vous ce phénomène ?

MJ : Je pense que Drake a permis à la ville de rayonner à l’échelle mondiale et les artistes de Toronto ont vraiment le désir de représenter leur ville. Je ne sais pas comment c’est arrivé mais je sais que c’est beau et c’est indéniable que beaucoup plus de gens savent placer Toronto sur la carte aujourd’hui que quelques années auparavant. La musique fait rayonner la ville aujourd’hui mais l’art a une place importante à Toronto et peut-être que le cinéma prendra la place de la musique dans notre ville d’ici 5 ans, je ne sais pas.

Montréal a des réalisateurs incroyables aussi. Montréal et Toronto sont mes deux villes préférées au monde. Il y a eu une période où les deux villes ne s’aimaient pas vraiment mais j’ai toujours aimé les deux pour des raisons différentes. Toronto renferme tellement de diversité culturelle. La musique est partout. Tout le monde chante, joue de la guitare ou du piano.

HB : Pensez-vous que c’est un cercle vertueux ?

MJ : Nous essayons de rester positifs dans tous les aspects de la vie. C’est important que les artistes de Toronto se soutiennent et je suis très heureux de voir des Canadiens réussir aux États-Unis. Pendant très longtemps, le potentiel du Canada était un peu négligé et je suis bien placé pour ressentir ces choses car je viens d’une petite île comme le Bahreïn, qui est juste à coté de Dubaï. Je veux représenter le Bahreïn comme je représente le Canada. J’ai la conviction qu’il y a un potentiel inexploité qui vaut la peine d’être développé.

Photo De Majid Jordan

HB : Un phénomène similaire se produit en France avec la Belgique. Elle a longtemps vécu dans l’ombre de l’hexagone…

MJ : Hamza est Belge non ? Stromae aussi je crois… Son manager est d’ailleurs à l’origine de notre première date en Belgique.

HB : Crois t-on encore que Majid Jordan est une seule et même personne ?

M: Au début c’était assez fréquent car nous étions quasiment invisibles. Mais c’est quelque chose qui ne m’a jamais dérangé.

J: Je ne m’en préoccupe pas vraiment et c’est drôle car Good People semble être un groupe et Majid Jordan une seule et même personne mais c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Dans tous les cas, Majid Jordan est une seule et même entité. La seule raison pour laquelle je fais de la musique et pour laquelle j’en ferai toujours c’est mon frère Jordan. C’est comme ça. Il m’inspire chaque jour.

Nous venons d’endroits totalement différents mais nous avons une connexion qui nous lie comme des frères. On a tous les deux grandi avec deux sœurs donc on se comprend parfaitement. 

 

“Les jeunes générations sont nées dans un monde de consommation instantanée et parfois, certaines personnes appliquent les mêmes principes en amour.”

 

HB : Avez-vous la même conception de l’amour ?

J : Je pense que l’amour est redéfini en permanence et comme dans la vie, on a ce qu’on mérite. Mais c’est vrai qu’on n’a jamais eu cette conversation avec Majid.

M : Si Jordan est heureux, alors je le suis aussi. C’est important pour moi qu’il soit entouré de gens qui le comblent. Nous avons souvent des conversations sur le thème de l’amour et quoi qu’il arrive, on se soutient.

HB : Pourquoi votre approche de l’amour est-elle si différente de celle qu’on peut trouver dans l’industrie musicale aujourd’hui ?

MJ : On entre dans une ère où tout est très facilement accessible. Les jeunes générations sont nées dans un monde de consommation instantanée et parfois, certaines personnes appliquent les mêmes principes en amour. En ce qui me concerne, je ne réponds pas du tout à cette logique. Si je dois parler à quelqu’un, il faut que je vois cette personne physiquement. Je dois ressentir l’énergie de la conversation, l’énergie de l’échange.

HB : Pourriez-vous créer d’autres choses que de la musique ?

MJ : Bien sûr. Nous adorons l’art, la mode, le cinéma,… Ce sont des choses qui nous inspirent.

J : Par exemple, je retire beaucoup d’inspiration du manga Initial D. Ça peut être juste certains éléments comme la narration ou la manière dont les personnages sont présentés plutôt que les images. On peut extraire des éléments très précis et se les approprier pour en faire quelque chose de nouveau. L’inspiration peut être partout, c’est une question de point de vue. Par exemple, j’ai le sentiment qu’on pourrait écrire un morceau là, tout de suite.

M : J’aime l’art quand il pose une question ouverte et qu’il pousse à la réflexion. Quand il nous fait comprendre qu’il existe un nombre infini de points de vue et qu’il entraine une prise de conscience collective. Cette réflexion peut ensuite s’appliquer à la vie et à des concepts beaucoup plus profonds. On peut se demander pourquoi on fait de la musique et quel impact a-t-on sur les gens qui nous écoutent.

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