Pour les 20 Ans De La Tn, Ils Racontent Leur Histoire Avec La Requin, Episode 7: Opium Paris

Afin de célébrer les 20 ans de la Nike Tn, nous sommes partis à la rencontre des amoureux de la requin. Depuis sa naissance en 1998, la Air Max Plus a su traverser les époques et chausser les banlieues de l’hexagone avec audace avant d’envahir les silhouettes des Fashion Week du monde entier. Le septième épisode de cette série consacrée à la version parisienne du modèle iconique nous amène à la rencontre de Mounir & Yace, les fondateurs de la boutique emblématique des sneakerheads parisiens, Opium. Forts de plusieurs décennies au cœur d’une communauté en constante évolution, les deux amis partagent leur expériences de la Tn, avec un franc parler teinté de passion et d’humour.

Comment êtes vous devenus fans de sneakers ? 

Nous sommes tous les deux issus du milieu du graffiti, du tag. Dans un soucis de confort, on se baladait donc tout le temps en basket. La relation que nous avions avec la street culture nous a amené à naturellement à la sneakers qui fait partie intégrante de ce mouvement.

Selon vous, dans la symbolique, que représente la requin ? 

Quand elle est arrivée en 97/98, elle symbolisait la technologie, l’évolution, une nouvelle silhouette, un modèle innovant. Le premier coloris OG était sobre et efficace, avec une forme rétro puis moderne par sa bulle d’air, d’où le surnom de la requin.

Que cela signifie t-il de la porter ? 

La requin a eu plusieurs vies, adulée par les sneakerheads puis appréciée par les gens aimant la basket en général. Elle s’est ensuite diversifiée en masse, les jeunes, les gens de quartier. Son prix élevé incarnant la Weston de la basket a paradoxalement attiré une nouvelle clientèle. Elle a traversé le temps et a plu à la scène électronique, le milieu gay. La requin a séduit plusieurs générations et a attiré un grand nombre de personnes différentes, ce qui est assez surprenant pour une basket.

Avez vous des anecdotes sur la paire ? 

Mounir : “Pour ma part, à l’époque il y avait un modèle femme, coloris “Rainbow” que je n’avais pas pu trouver chez Footlocker en France. C’est lors d’un voyage au Japon que je l’ai trouvée à ma taille, dans une fripe.”

Yace: “Il y a eu un grand marché parallèle, des coloris qui ne sortaient qu’aux États-Unis, les gens les ramenaient pour les vendre plus cher. Il fallait faire la différence avec les autres paires qui sortaient chez Foot Locker à Châtelet. Dans les années 2000, la côte de la Tn a tellement grimpé, qu’un business de la requin s’est développé aux puces de Clignancourt. Des boutiques dédiées à la requin ont généré un gros business pendant des années. Tout le monde voulait le coloris qui n’était pas en France. Certains ont même construit des maisons grâce à la requin. À l’époque au début de l’euro elle coûtait entre 250€ et 300€ ce qui était assez cher. Entre 1800 francs et 2500 francs, les mecs les ramenaient sans boîte avec un élastique dans des sacs de voyage avec des coloris exclus US, les douaniers n’ont jamais autant vu de requins qu’a cette époque. Puis les mecs les portaient pour montrer qu’ils avaient une paire à 2000 francs.”

Plus plébiscitée que la Air Max 98 ou la Air Jordan 4, victime de son succès, elle a ouvert le marché de la contrefaçon. Puis délaissée elle est arrivée chez la hype pour faire un pied de nez à ce monde de “caillera” qui collait à l’image de la requin. Mais aussi une forme d’inspiration, cette hype qui a traversé le périph pour aller chercher des idées du côté de la street culture. Les créatifs allaient en Asie, en Afrique pour les couleurs, les matières. Aujourd’hui ils vont puiser leur inspiration juste à côté, avec les codes vestimentaires du milieu caillera qui reviennent, une chaussure comme la requin qui est mise en avant aujourd’hui.

“Le plus gros taux de sortie mondiale était au Foot Locker Châtelet les Halles, tous les invendus européens allaient au shop. La preuve que ce sont les français qui lui ont fait le plus honneur.”

Pourquoi est-ce un modèle important à vos yeux, plus qu’un autre ? 

C’est un modèle qui a eu son importance au tout début, par sa véritable innovation, technologie, silhouette, matières, coloris, une véritable créativité. Nike était en pleine transition dans les années 96/97, puis ils sont revenus avec ce modèle plein de peps, c’est une paire qui a marqué une époque, une génération.

Puis on n’a jamais su le fin mot de l’histoire, mais un responsable aurait suggéré le modèle à un autre responsable, puis au fur et à mesure le dessin aurait atterrit dans les bureaux de Foot Locker. Ils ont poussé l’idée car c’était un modèle qui leur tenait à coeur même si en interne beaucoup de gens n’y croyaient pas. Ils sont allés voir Nike pour négocier une exclusivité en prenant toutes les responsabilités si la paire ne se vendait pas. La requin a toujours été une des rares paires en exclusivité chez Foot Locker worldwide.

Quelle était votre première paire requin? 

La “Hyper Blue”.

Quelle est votre opinion sur le retour au premier plan de ce modèle ?  

C’est un peu caractéristique du monde de la sneakers, c’est un phénomène de renouveau constant, comme une Air Max 1 qui a marqué une génération, la requin revient sur le devant de la scène. Elle a inspiré et inspire encore beaucoup de gens. Ça va ramener un coup de fraîcheur, un délire vintage old school sur la requin. Le plus gros taux de sortie mondiale était au Foot Locker Châtelet les Halles, tous les invendus européens allaient au shop. La preuve que ce sont les français qui lui ont fait le plus honneur.

Que pensez-vous des hybridations ? 

Nous on aime bien, car on garde le côté old school sur un modèle, on vient y ajouter une nouvelle technologie, ça crée des nouvelles silhouettes, des nouvelles paires. C’est un beau clin d’oeil au passé et une belle main tendue vers le futur.

Quel est votre avis sur l’édition parisienne ? 

Un remerciement à Paris, à la France, en dédiant un modèle avec les deux coloris emblématiques Orange et Hyper Blue. Les gens l’avaient surnommé la requin, ils ont rajouté les dents pour le clin d’oeil. C’est légitime, les français ont la plus belle histoire d’amour avec la requin.

Quel est le futur de la Tn ? 

Elle avait déjà une silhouette très futuriste qui a traversée le temps, elle était en avance sur son époque. Ce n’est pas étrange qu’elle soit toujours au goût du jour. Maintenant Nike va pouvoir s’amuser et proposer des séries limitées, des vrais histoires car avant ce n’était que les colorways. Pourquoi pas une requin pour chaque quartier ? En tout cas elle aura belle place dans notre musée, elle fera partie de nos archives, on est curieux et impatient de voir ce qui va arriver par la suite.