Une vente aux enchères dédiée à l’art urbain se tenait ce mercredi soir à la Maison Artcurial. La présence de trois prints signés de Banksy en faisait un événement très attendu. Immersion. 

Son nom est sur toutes les lèvres. Dans des murmures, comme dans les rires gras. Banksy va-t-il récidiver ? Voilà toute l’intrigue qui anime la vente aux enchères “Search & Stop” d’Artcurial autour du street art, qui suit de près le fameux événement londonien où l’artiste a provoqué la destruction partielle de l’une de ses œuvres. Le public a donc répondu présent en ce 24 octobre au 7 Rond-Point des Champs-Elysées, espérant voir un nouvel acte fou du graffeur au moment où ses trois œuvres seraient adjugées. Si la foule est moins dense que lors de la vente consacrée à Supreme en ce même lieu quelques mois plus tôt, on dénombre pas moins de dix caméras dans la salle. France Info, LCI, AFP, RTL… Les journalistes sont plus nombreux que les potentiels acquéreurs. Banksy aurait presque rendu son art aussi hype que le box logo. Fort. Et ironique, quand on se souvient que son acte à Sotheby’s était motivé par la critique de la marchandisation de l’art.

“Une explosion ? Ce serait formidable !“

Le personnel d’Artcurial, qui confirmait en amont cet intérêt inhabituel, a dû mettre en place un dispositif de sécurité. “On a été un peu plus vigilant, nous confie le chargé de la vente Arnaud Oliveux en marge de l’événement. Mais on a regardé les œuvres, et il n’y a rien à signaler. S’il se passe quelque chose, de toute façon, ce ne sera pas une redite. Banksy n’est pas quelqu’un qui fait deux fois la même chose, il ne va pas se parodier“. Une hypothétique action de l’artiste, “comme une explosion” selon l’exemple d’un journaliste, “serait formidable“. “Enfin, sans que cela porte atteinte au public“, nuance le commissaire-priseur dans un sourire. Au final, il dit s’attendre davantage “à des enchères qui s’affolent” qu’à une nouvelle farce de Banksy.

Bingo. Lorsque les créations signées du graffeur arrivent sur l’écran, les offres s’envolent sous le crépitement des flashs. Elles s’arrachent finalement à plus du double de leurs estimations. La lithographie “Soup can Yellow/Emerald/Brown” triple son évaluation jusqu’à 46 800 € frais inclus. “Queen Vic” la multiplie par quatre, à 11 700 €. Et l’emblématique “Stop and Search” s’adjuge à 65 000 €. “J’adjuge à 50 000 (hors frais, ndlr), votre enchère à 50 000 ? J’adjuge à 50 000… Adjugé !“. La sérigraphie qui a donné son nom à la vente tourne instantanément les regards vers le cadre, qui trône juste à côté du maître de cérémonie. On le scrute avec attention, on attend, des flashs encore… Rien. Les caméras sont remballées, les journalistes tournent les talons.

KAWS finalement roi de la soirée

Au vrai, une bonne partie du public avait déjà fait de même bien avant, au moment où l’acrylique sur toile “Untitled” signée KAWS est partie à 123 500 €. Il s’agit de la plus grosse vente de la soirée, et visiblement, de LA pièce qui était attendue par les collectionneurs. Lesquels n’ont dès lors pas poussé la curiosité jusqu’au coup de marteau du ”Stop and Search”. Si l’attention médiatique était focalisée sur Banksy, elle n’a pas détourné les amateurs du reste des 130 œuvres issues d’une collection privée, où des poids lourds de l’art urbain étaient réunis. Il y avait donc KAWS, mais aussi JR, Takashi Murakami, Parra, Barry McGee… ou Zevs, qui a battu le record mondial qu’il s’était octroyé en ce même lieu lors de la vente Supreme.

“Search & Stop” d’Artcurial a suscité l’attention pour le hasard du calendrier qui la plaçait dans la lignée de l’incroyable action de Banksy. Et si les œuvres ne revêtaient pas l’importance de la nouvellement nommée “Love Is In The Bin”, les ventes ont bien prouvé que l’acting avait fait grimper sa cote sur le marché. “Banksy n’a pas récidivé, mais l’effet Banksy a eu lieu sur le prix de ses prints“, a conclu Arnaud Oliveux. La Maison Artcurial pourra se féliciter d’un nouveau succès. Comme nous le confiait déjà son vice-président Fabien Naudan à l’occasion de C.R.E.A.M. en mai dernier, elle compte bien multiplier les projets autour de la culture urbaine. Après les coups de Banksy, ils n’en seront que plus suivis.