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Dans son nouveau spectacle l’humoriste Fary se demande comment passer la porte du Paradis. On serait tenter de lui dire qu’il lui suffit de trouver l’adresse d’Hamza, c’est ici que se trouve l’Eden sur terre. Un paradise in real life qui coute le prix d’un album à la Fnac. Parce que l’artiste belge n’a pas menti en intitulant son tout dernier projet “PARADISE”. Le SAUCEGOD offre avec son disque un lieu où les âmes des amoureux du rnb (et de la bonne musique tout simplement) jouiront de la béatitude éternelle. Une prière musicale que l’on a envie de réciter jusqu’à l’aube. Un gospel en forme de sex-playlist, un évangile aphrodisiaque dans lequel Hamza prêche le Henny, les soirées romantiques à deux pimentées avec les palmiers à l’horizon. Dans son église Hamza a convié une Aya Nakamura qui encore une fois nous délecte d’expressions qu’elle seule semble connaitre mais qui résonnent déjà sur toutes les bouches comme des évidences, “moi je m’en fous si t’es mon chambala”. Un SCH qui lacère le rap avec un flow en fil barbelé, une Christine and The Queens qui s’est installée là comme une bonne amie qu’on invite désormais à tous les banquets du rap FR. La nana qu’on retrouve à la cuisine en train de se resservir un on the rock et qui sait où sont les glaçons. Et le sage Oxmo, qui éteint la lumière en fin de soirée, en jetant un dernier regard, sourire aux lèvres sur la pièce vide.
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T-shirt : Uniqlo, Chemise : Sacai, Veste : Courrèges, Veste superposée : Maison Margiela
Dans le Paradise d’Hamza chaque son s’apprécie en activant l’option “replay”. Impossible d’écouter l’album en une seule fois, mais plutôt 4 titres par 4, des salves de répétitions qui font qu’on a presque créé ses propres mixtapes à l’intérieur même du disque. Et puis il y a le délicieux Dale x Love Therapy, cette cerise sur la corne de gazelle qui nous fait rêver à un album collaboratif Aya x Hamza. Le timbre quasi hautain slash femme forte de Nakamura mêlé à la douceur de celui du Belge. Imaginez, imaginons… Écouter Paradise c’est comme tremper ses doigts dans un pot de miel, le même miel que l’on retrouve sur les cornes de gazelle et les makrouts. Ces gâteaux orientaux préparés avec générosité. Et le SAUCEGOD a lui aussi été généreux sur la sauce. S’il raconte avoir d’abord bloqué dans la conception de son album, c’est à LA, outre-Atlantique, que le Belge a eu besoin de faire le vide. Un voyage nécessaire pour tenter d’oublier un peu une récente tragédie familiale, la perte de son papa. Un événement clé dans le choix d’esthétique qu’Hamza a décidé de donner à son nouveau projet.
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Veste : Lanvin, Gilet : Uniqlo x JW Anderson, Chemise : Isabel Marant, Lunettes : Louis Vuitton
“Je suis retourné au Maroc en décembre pour enterrer mon père. À Nador, c’est là d’où est originaire mon père. C’est une petite ville située dans la région du Rif oriental, dans les montagnes. Je n’y étais jamais vraiment allé et il faut savoir qu’il existe au Maroc une sorte de guerre entre les Rifs et les non Rifs. C’est vraiment très pauvre et j’ai découvert tout ça, ma famille mais aussi toute cette énergie qu’il y a. Ça m’a vraiment touché du coup quand je suis rentré à Bruxelles on a décidé de partir sur le Maroc pour la direction artistique de l’album”, nous raconte Hamza. En ce samedi, au lendemain de son passage sur la scène de Bercy pour le concert de Drake, la mine est fatiguée, les yeux un peu ailleurs, on comprend que le garçon est marqué par un deuil qu’il a enchainé avec toute une tournée promo. Mais il transporte en bandoulière une politesse délicate. Hamza répond, pose, s’exécute : “pas de problème, tu me dis”, répète t-il à chaque “tu veux bien te mettre là ? Mettre ton bras ici, comme ça“, qu’on lui lance en ce samedi après-midi dans un appartement d’Aulnay-sous-bois.
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Pull : JW Anderson, Col roulé : GCDS, Pantalon : Undercover, Lunettes : Saint Laurent
“Ça m’a vraiment remis en cause, donné envie de reprendre contact avec mes racines, d’aider les gens qui sont dans le besoin là-bas. Vivre ça à fond, parce que ça fait partie de moi, même si je semblais l’avoir mis de côté”
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Veste : Maison Margiela, Chemise : Alyx, Col roulé : Calvin Klein, Pantalon : Jacquemus Accessoires autour du cou : Jacquemus Baskets : Nike x Off White
De retour à BX, Hamza et son équipe se penchent alors sur la direction artistique qu’ils donneront à l’album. Un titre “Paradise” écrit en français façon alphabet arabe sur la pochette, un clin d’oeil aux terres de l’autre côté de Gibraltar. Un choix typographique qui sèmera même le doute chez une journaliste lors de la pré-écoute de l’album, qui troublée, demandera la traduction du mot sur la jaquette. Paradise donc, la version anglaise de Paradis qui se traduit par Jannah en arabe et qui tire sa racine de Janna, jardin. Une petite lettre en plus qui nous laisse penser qu’Hamza est venu rajouter son H à un eden qu’il est allé cultiver dans les montagnes marocaines, où les contestations sont fortes vis-à vis du roi Hassan II. Une région du Rif qui subit la répression, dont la survie dépend de la culture du haschich, une région où la sueur du travail fait pousser les plantes… et les disques. Le kiff.
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Gilet : Supreme, Polo : Facetasm, Lunettes : Ambush, Pantalon : Takahiromiyashita The Soloist, Chaussures : Dr Martens
Remerciements spéciaux à Pataya, Boule à Huit et Jordan.
Creative
Hanadi MostefaArt Direction
09h29 Artspace Studio Pour Hypebeast FrancePhotographer
Moïse Luzolo/09h29 Artspace StudioEditor
Hanadi MostefaStylist
09h29 Artspace Studio