Merci Mr Nov

“Je ne sais pas comment tu te nommes”, c’est par cette petite phrase anodine que Mr Nov nous délectait du “Trop Fresh” balancé sur Youtube il y a très exactement 10 ans aujourd’hui. Le 3 octobre 2009. Déjà. Déjà aussi longtemps que les fées du rnb français s’étaient laissées attraper par la voix du crooner qui enveloppait la fin des années 2000 de sa musicalité. Sans jamais trop tirer sur les branches de la tendance, Mr Nov avait construit son nid, un cocon aussi douillet que le lit de la jeune femme de “Trop Fresh” et aussi réconfortant que le sourire de “Jasmine”. Mr Nov avait ouvert la brêche il y a 10 ans de ce qui existe aujourd’hui sous le nom de rnb français. Sans jamais avoir copié les artistes outre atlantique qui dans les mêmes années versaient dans un rnb plus sexuel que romantique, Mr Nov dessinait de sa voix douce et élégante, piochant dans une palette d’instrumentales aux couleurs cotoneuses, ce qui figurerait au patrimoine du rnb français. Une ébauche que le garçon n’aura pas pu finir, puisque si le style cartonnait sur la terre de l’oncle Sam, le rythm and blue à la française se fera lui dévorer tout cru par les ogres Mario ou Jamie Foxx. Du love à l’américaine dégoulinant jusqu’à créer une flaque dans lequel le rnb français finira par se noyer faute d’un public trop tourné vers l’ouest et dont l’arrivée du rap dès le début des années 2010 finira par lui faire boire la tasse de trop.

2009 année de Sisqo et son “Thong Song”, de Jeremih et “Birthday Sex” mais aussi du masterpiece “Fallin” d’Alicia Keys. 2009, année où l’on téléchargeait encore les chansons via YouTube, où Cristiano Ronaldo officialisait son arrivée au Real Madrid juste avant que Noel Gallagher ne quitte Oasis le 28 août de cette même année après une nouvelle altercation dans les coulisses du festival Rock en Seine. 2009 déclarée année mondiale de l’astronomie pour célébrer Galilée qui, il y a 400 ans, a pointé une lunette vers le ciel. Les lunettes les plus célèbres de YouTube à cette époque étaient sans aucun doute celles d’un Mr Nov à qui on ne dira jamais “je ne sais pas comment tu te nommes”.