"Niqu** des mères", c'était donc littéralement le scénario ?
Booba et Kaaris ont entrainé sur le ring deux femmes qui n’avaient vraisemblablement rien demandé.

Booba et Kaaris s’invectivent depuis 64800537 jours sur les réseaux sociaux. Une série en multiples saisons dont les nouveaux épisodes nous laissent à penser un peu plus chaque jour qu’elle n’aurait pas dû être renouvelée. Si l’intrigue se finira en climax avec un combat de MMA prévu le 30 novembre prochain à Bâle, les deux rappeurs ont entrainé dans leur scénario deux femmes qui, depuis des mois, se mangent des uppercuts sans avoir pourtant décidé de monter sur le ring. Patricia, ex-compagne de Booba, et Linda, compagne de Kaaris, sont souvent humiliées par posts Instagram interposés. La faute à Eve toujours, plutôt qu’à Adam.
Dans un article intitulé “Fils de pute”, “Nique ta mère”: pourquoi en veut-on autant à nos daronnes” publié sur Cheek Magazine, on comprend que l’insulte à la mère (ou compagne, qu’elle soit mère ou pas d’ailleurs) dans le hip-hop est la résultante d’un phénomène pop qui dérive de séries telles que “Yo Mama” dont le pitch était de s’invectiver verbalement en commençant par “Ta mère est…”. Une tendance auréolée en France par le “Nique ta mère” de NTM en 1988, date de création du duo. “Le niquage de mères est devenu humoristique”, affirme la philosophe et spécialiste du rap Benjamine Weill dans ce même article de Cheek Magazine, érigeant même Booba au titre de “roi incontestable de cet art insolite depuis 20 ans déjà“. Si on entend la résonance de la pratique du niquage de mère dans la culture hip-hop, se pose alors cette question : le rire peut-il se faire aux dépens de l’humiliation ? Desproges disait “qu’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui“. Booba et Kaaris le font pourtant avec leur 4,2 et 3,1 millions de followers respectifs.
La culture du clash ne peut-elle donc se faire sans la sexualisation de la femme ? Sans la rabaisser à des histoires de chatte, schneck ou autres qualificatifs imagés ? Pour que plus jamais une femme ne soit traitée de pute parce qu’elle a décidé de sa sexualité, on aimerait assister à un combat de coqs sans poule. Aussi parce qu’en 2019, ça commence à se voir un peu trop qu’il est plus facile de rabaisser la femme plutôt que de porter ses couilles.