On A Vécu (Et Perdu) Le Derby Milanais Avec Les Ultras Et Fans Du Milan AC

Au plus près d’un événement qui prend aux tripes.

Sports 

C’est l’un des rendez-vous les plus attendus du calendrier footballistique. Le derby della Madonnina, opposant les deux clubs milanais que sont le Milan AC et l’Inter, était ce dimanche 17 mars plus attendu encore, car pour la première fois depuis belle lurette, joignait à la rivalité l’enjeu d’une place sur le podium dans la dernière ligne droite du championnat de Serie A. On est allé à la rencontre des tifosi rossoneri pour vivre cet événement de l’intérieur.

C’est une impasse dans une zone industrielle, de celles où on n’aimerait en aucun cas se retrouver la nuit tombée. Par peur d’y croiser le genre de types qu’on rejoint, heureusement en pleine journée, heureusement dans un cadre bien défini et organisé par PUMA, équipementier du Milan AC. Posés nonchalamment sur des chaises, dans une cour excentrée au fond de ce cul-de-sac, des hommes massifs et rasés de près nous attendent sans en donner nullement l’impression, occupés qu’ils sont à écluser des bières en se vannant. Lunettes de soleil, écharpes nouées à la taille, Stone Island… Pas de doute, on est en présence d’ultras. Bienvenue “Al Clan”, chez les inconditionnels du Milan. Une intrusion rare. Ce local détenu, tenu et destiné au groupe de la Curva Sud – tribune sud – de San Siro, n’est pas ouvert à qui veut, et ses habitués rarement accueillants. Une défiance que les faits divers de la presse généraliste italienne n’ont dû que renforcer : en 2016, elle se faisait le relais d’une surveillance policière du lieu, où des trafiquants de drogue albanais et calabrais transitaient régulièrement. Certains ultras ont été condamnés. Parmi eux, Luca Lucci, le capo de la Curva Sud. Qui accueille avec le sourire.

Photo Ultras Milan


                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    Photo Ultras Milan
                                
Al Clan. Photos Jérémie Masuka.

“On dit qu’on est le douzième homme. C’est faux : on est le premier”

Avec son nez à plusieurs échelons, Luca Lucci, dit le Taureau, flaire les bastons organisées. À raison : avant sa peine d’un an et demi dans le cadre de ce trafic de drogue, le chef ultra en avait passé quatre derrière les barreaux pour un coup de poing qui a coûté un oeil à un tifoso des rivaux de l’Inter en 2009. “Il y a toujours une rivalité avec l’autre club de la ville, mais beaucoup moins de confrontations entre supporters“, tempère Giancarlo Capelli. Mieux connu sous le surnom de “Il Barone”, qu’il a hérité pour l’élégance dont il faisait preuve en tribune, ce dernier est à 71 ans l’une des figures historiques de la tifoseria milananista. Il plonge direct dans l’ambiance du derby qui aura lieu le lendemain. “Un derby est toujours important, mais celui-là est particulier parce qu’on est 3e et eux 4e. Dans l’objectif de qualification pour la Ligue des Champions, il pourrait être décisif“, lâche-t-il. Le cadre est posé. Et derrière, “Al Clan” s’ambiance. Des chants sont lancés, le fameux “Interista pezzo di merda” - qui se passe de traduction – clôture la démo. Sous le chaud soleil milanais, certains ultras tombent la chemise pour laisser entrevoir leurs tatouages, dédiés au Milan et à la Curva. Un écusson du club, un portrait de l’ancien président Berlusconi, la phrase “il n’y a pas de défaite dans le coeur de celui qui lutte“. “On dit souvent que nous sommes le douzième homme. C’est faux, nous sommes le premier“, clame Il Barone.

Photo Ultras Milan


                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    Photo Ultras Milan
                                
Muscles et tattoos. Photos Jérémie Masuka.

La ferveur du derby milanais, le plus important en Italie de ces affrontements entre clubs d’une même ville que l’on nomme les stracittadine, n’est pas réservée aux seuls ultras. S’ils sont certainement les plus impliqués, eux qui préparent les chants et le tifo monumental qu’ils déploieront au début de la rencontre, nul besoin d’avoir un billet pour le stade San Siro afin d’en débattre. Dans la cité lombarde, le derby est sur toutes les lèvres. Comme toujours à l’approche du match qui fait vibrer la ville, et qui la divise en réalité un peu plus que deux fois par an pendant 90 minutes. “Avec les tifosi de l’Inter, on se croise tout le temps et ça va. Bon quand le match arrive, c’est vrai, il y a une tension particulière“, nous disait Il Barone. C’est rien de le dire. La rivalité est partout, même là où on l’attend le moins. “Vous venez pour le derby ? Moi je suis Milanista, ma femme Interiste“, nous déclare un homme au restaurant. Sa compagne, assise en face de lui, essuie alors le chambrage d’un autre client. Mais le fils de ce dernier la défend. “L’Inter va gagner, et 2-0“, prédit-il. “Ne dis pas ça, non ne le dis pas“, lui renvoie le premier, faisant de ses mains des signes pour conjurer le sort. “L’attente avant le match est intense quand on est un tifoso“, nous explique Daniele Massaro, ancienne gloire du Milan AC, qui sait de quoi il parle : s’il est connu pour en avoir été un joueur, l’ex-attaquant est avant tout un supporter. Un “Milanista né“, qui symbolise à lui seul le sentiment d’appartenance propre aux grands clubs milanais. “J’aurais pu signer à l’Inter durant ma carrière, mais je ne serais jamais allé de l’autre côté. Je ne voulais que le Milan. Pour vous dire, avant de le rejoindre, c’est à la Juventus que je devais aller. Elle était venue me chercher en décembre. Mais en février le Milan est venu à son tour et je n’ai pas réfléchi“, nous raconte-t-il. Son meilleur souvenir ? “Avoir marqué le but du 2-1 sous la Curva Nord de l’Inter. Fantastique“. Forcément.

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                                San Siro avant la bataille. Photos Jérémie Masuka.

“Envoyons-les en enfer”

Si croiser les supporters rivaux est donc habitude du quotidien, tout est fait pour qu’ils ne se voient pas de trop près à San Siro le jour du choc. Dès la matinée, alors que les ultras milanisti installent leur tifo dans les travées d’un stade vide, la vision de leurs ennemis dans la tribune d’en face déclenche les huées. Quelques heures plus tard, c’est une vague rouge et noire qui pénètre dans l’antre. Le Milan AC, qui reçoit sur le papier, a le nombre de tifosi de son côté dans un stade désormais complet à 80 000 places. Dans la Curva Sud, on déploie alors un tifo représentant le personnage du film Hellboy écrasant les crânes interistes avec le message “Envoyons-les en enfer“, tandis qu’en face, la Nord rend hommage à un ultra tout juste disparu. Ambiance. “Milan c’est nous, Milan c’est seulement nous“, balancent rapidement les Rossoneri quand le coup d’envoi est donné. Tout aussi vite pourtant, on n’entend plus que leurs homologues de l’Inter. Après seulement trois petites minutes de jeu, les Nerazzurri virent en tête. Sonné, le Milan ne parvient pas à aligner les passes les plus simples, ce qui a le don de désespérer le public acquis à sa cause. Et à peine revenu de la pause, rebelote. 2-0 Inter, rien ne va plus pour les tifosi du Milan. Aux chants de bonheur des Interistes, ils répondent par les insultes. La haine est au moins aussi forte que l’amour, et voir les rivaux célébrer leur est insupportable. “Supporter, c’est de la joie et de la colère“, nous disait encore Il Barone un peu plus tôt. C’est parfois passer de l’un à l’autre en l’espace d’un instant.

Le tifo du Milan pour le derby. Photos Alessandro Sabattini/Getty Images.

Quelques minutes plus tard, on ne sait trop comment au vu du jeu qu’il pratique, le Milan AC réduit en effet la marque par l’intermédiaire du Français Tiémoué Bakayoko. Déjà le meilleur Rossonero sur le pré, il a droit à son chant – “il lutte pour la Curva et pour le Diavolo (surnom du Milan, ndlr), Bakayoko, Bakayoko !“. L’espoir renaît, la colère revient vite, lorsque l’Inter se voit accorder un pénalty qu’elle transforme. Puis la joie encore, avec un nouveau but. À 2-3 et une vingtaine de minutes restantes au compteur, les fans oscillent entre l’optimisme d’accrocher les rivaux, et l’agacement de les voir gérer la montre, de voir l’arbitre leur accorder ne serait-ce qu’une touche pourtant évidente. Des chants à chaque corner en leur faveur, des sifflets à chaque toucher de balle de l’adversaire, les trois coups de sifflets. “Et mer**, fais ch***“, peste un tifoso. “Et regarde-moi ces con*****“, poursuit-il en rage à la vue de la tribune d’en face, dont les membres resteront longtemps sur place, bien longtemps après que lui et les Rossoneri aient quitté le stade. Sûrement pour leur signifier qu’ils sont les maîtres du lieu. Et que Milan tout entier est à eux. Plus tard encore, on verra des maillots brandis aux fenêtres des voitures, on entendra des klaxons s’évaporer dans la nuit. Une nuit noire, et bleue.

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