Gunna, Le Drip Made In Atlanta- Interview
Je dois mettre en lumière ma ville natale. C’est là que mon voyage a commencé.

Difficile de passer à côté de Gunna. Véritable célébrité du rap d’Atlanta, il est aussi désormais de toutes les Fashion Week. Il n’est plus simplement un artiste mais bien un visage du paysage hip-hop. Une ganache que l’on retrouvait d’ailleurs sur tous les streetstyles de la dernière Fashion Week Homme de Paris. Le magazine Forbes le présentait même comme un songwriter, rappeur et fashion influenceur. Mais lorsqu’il débarque dans notre studio photo un soir de Fashion Week parisienne, le garçon a tout sauf les tares d’un influenceur. Regard doux, politesse accrochée à sa large chaine en diamants, Gunna répond en regardant dans les yeux. Fait rare lorsque l’on interviewe des rappeurs américains, parfois lassés des journées promo. Ici l’ambiance est différente, son styliste avale des bonbons en claquant des éclats de rire, le reste de la team est silencieuse affalée dans un canapé à rouler des joints. Le secret serait donc tout simplement ici, caché derrière une équipe stable et avenante.

Gauche : Veste : Benklark. Pull à capuche : Stone Island. Pantalon : Stone Island. Chaussures : Christian Louboutin. Droite : Veste : Kenzo. Gilet par dessous : Filling Pieces. Lunettes : Hilton Vintage chez J3 Optical. Bijoux personnels. 

Si Gunna est plutôt timide, plutôt économe de ses mots dans ses réponses à nos questions, le visage est toujours bienveillant, disponible. Un élève modèle qui est venu avec un sac LV rempli de chaines en diamants. Parce que celui qui aurait presque des allures de premier de la classe ce soir là, aime la mode. “J’ai toujours eu une passion pour les vêtements […] Ma mère vous le dira, je m’habillais trois ou quatre fois par jour quand j’étais enfant“, racontait-il à Billboard en 2018. Désormais on veut habiller Gunna. On veut qu’il hit le runway. La marque française Casablanca l’a d’ailleurs utilisé comme mannequin pour présenter son défilé tout juste quelques heures avant que l’artiste américain nous rejoigne au coeur de Paris. Ce n’est donc pas par hasard s’il est considéré comme le père du “drip”, un terme qui définit le style, l’allure. “Drip est votre tenue vestimentaire, les vêtements que vous portez”, confiait l’artiste toujours dans les colonnes de Billboard. Il aime aussi sa ville Atlanta, dont il représente fièrement le vivier de rappeurs qui y roucoulent là bas depuis des années. Et si c’est le titre “Drip Too Hard” qui l’aura fait connaitre massivement du grand public, ce n’est pas un hasard. Ce serait se tromper que de croire à un mix hasardeux d’une bonne instrumentale et d’un algorithme sur Youtube qui aurait fait remonter la vidéo dans vos suggestions. Le titre est un mix de slang made in Géorgie le tout appuyé par une voix étranglée, enveloppante, hypnotique. Un timbre désormais si emblématique des rappeurs d’Atlanta et de toutes leurs influences.

Gauche : Gilet sans manche : Yves Salomon. Pull : Stone Island. Chemise : Valentino. Pantalon : Filling Pieces. Lunettes : Cartier chez Funkykhalou. Bijoux personnels. Droite : Trench sans manche : IcosaePull : Icosae. Lunettes : Hilton Vintage chez Funkykhalou.

HYPEBEAST FRANCE : L’année 2018 a particulièrement été riche pour vous, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Gunna : Il y a certainement beaucoup de highlights. Je dirais que tous les feats que j’ai pu faire étaient spéciaux pour moi. Les projets que j’ai droppés aussi bien sûr. Drip Season 3 a été un moment fort pour moi. Même chose pour mon projet avec [Lil '] Baby, en particulier son single “Drip Too Hard”. Je ne peux pas vraiment me plaindre, j’ai passé une bonne année.

De l’extérieur, votre ascension vers le sommet peut sembler assez rapide, mais en réalité, le succès exige généralement beaucoup de travail. Pouvez-vous partager un peu vos débuts à Atlanta ?

Je dois mettre en lumière ma ville natale d’Atlanta. C’est là que mon voyage a commencé, au sud d’Atlanta, pour être exact. J’ai commencé à rapper très jeune et à partir de là, j’ai élevé mon style progressivement. Grandir là-bas était très amusant. J’aime être d’Atlanta, j’aime avoir été élevé à Atlanta. La nourriture y est excellente, tout comme les magasins. Lenox Square et Saks Fifth Avenue sont des endroits sympas pour faire du shopping. Atlanta est aussi un peu la maison des clubs de strip-tease, tels que Magic City.

Veste : Maison Margiela. Pull à fermeture : Louis Vuitton. Pantalon : Louis Vuitton. Bijoux et lunettes personnels. 

Comment expliquez-vous la créativité venant de cette ville ?

Nous avons notre propre jargon, notre propre argot. C’est ainsi que nous parlons, en ayant des mots et des surnoms différents pour certaines choses de la vie. Celles-ci nous donnent une certaine saveur et un style sur la façon dont nous exprimons. Et beaucoup d’entre nous ont réussi à intégrer cela à notre musique.

Vous avez 25 ans maintenant. Récemment sur Instagram et Facebook on a pu voir le 10 years challenge. Alors quel était Gunna étiez-vous quand vous aviez 15 ans ? Et où sera ce même Gunna dans 10 ans ?

J’étais un enfant cool, je ne faisais pas de sport ni quoi que ce soit, mais j’avais mes potes autour de moi pour passer du bon temps. J’enregistrais aussi déjà à l’époque. À 35 ans, j’aimerais avoir une belle et grande maison avec 20 à 30 disques d’or. Idéalement, des plaques de diamant mais sûrement de l’or et du platine. Des Grammys aussi bien sûr. C’est ma vision d’artiste-interprète. Si je n’étais pas un artiste je serais très probablement un entrepreneur, avec ma propre entreprise.
Veste : Kenzo. Gilet par dessous : Filling Pieces. Pantalon : Filling Pieces. Lunettes : Hilton Vintage chez J3 Optical. Baskets : Christian Louboutin. Bijoux personnels

À quel moment avez-vous réalisé que les choses commençaient à décoller pour vous ?

C’est lors d’un show que j’ai fait à Lithonia, en Géorgie, il y a quelques années. C’est à environ une heure en dehors d’Atlanta. Tout était éclairé, la foule était si folle que la scène s’est cassée. À l’époque, je savais que ces gens-là adoraient vraiment ma musique et que je pouvais toucher encore plus de gens avec mon style musical à moi.

Seriez-vous disposé à collaborer avec des artistes hors du genre rap ? Pop ou musique country ?

Je suis définitivement ouvert à travailler avec n’importe quel genre tant que je peux sentir leurs vibrations. J’aimerais vraiment travailler avec Post Malone, car il serait intéressant de voir la chimie lorsque nos styles se heurtent.

Remerciements à : ROMUALD EXIGNOTIS/GRAPHIC DESIGN ET STÉPHANE DAVI/3D DESIGN ET SPECIAL THANKS À BOBBY WILLIAMS.


Credits
Art Direction
09h29 Artspace Studio Pour Hypebeast France
Producer
09h29 Artspace Studio
Creative
Hanadi Mostefa
Interviewer
Petar Kujundzic
Tags
Share