"Jesus is King", entre prêche désordonné et virtuosité musicale

Ce que l’on a retenu du dernier album de Kanye West.

Musique 

Après de longues semaines de tergiversations, d’hésitations et de mixages tardifs, Jesus is King, le neuvième album studio de Kanye West est enfin disponible. Et autant le dire tout de suite : non, ce n’est pas un album gospel, encore moins un album de rap chrétien. S’il est indéniablement une ode au gospel dans lequel il baigne depuis le début d’année et à Jésus, omniprésent sur les tracks, l’album ne saurait être réduit à un simple opus religieux.

“Jesus is King”, un prêche surprenant sans l’être

D’ailleurs, ceux qui suivent Kanye depuis le début de sa carrière le savent : sa musique a, de tout temps, était inspirée par la religion. Que ce soit sur son premier album College Dropout ou l’incroyable Jesus Walk, jusqu’à YEEZUS où il se voulait l’incarnation même de Dieu, en passant par les problématiques soulevées sur My Dark Twisted Fantasy et les prémices de la connexion avec le gospel sur The Life of Pablo, Jésus n’était jamais bien loin et Kanye de rapper sa foi de longue date. En 2013, il prophétisait même déjà que, presque dix ans plus tard, il ferait de la musique pour l’Église. Kanye West ou l’art de voir la “big picture”. Tout le temps.

Pour autant, Jesus is King apparait immédiatement différent des précédents travaux de Mr. West. Après écoute des (courtes) 27 minutes du projet, on se demande même d’ailleurs si on vient d’assister à un prêche quelque peu désordonné ou bien à un ego-trip d’un genre nouveau. Le gospel est bel et bien présent, soutenu par le Sunday Service Choir et ses chœurs grandiloquents, ses instruments d’église, tout cela mélangé à une production une fois encore millimétrée. Minimaliste pourrait-on dire, mais sacrément efficace et au service du flow mordant d’un Kanye West qui semble parfois vouloir régler ses comptes et justifier ses dernières tribulations à travers le prisme de la Rédemption de Jésus. On a même l’impression que Kanye se parle à lui-même dans l’opus, comme pour se convaincre, se motiver à être la meilleure version de lui possible.

Une richesse musicale indiscutable

Si la religion occupe bien tout l’espace de Jesus is King, comme pour tous les albums de Kanye West, les styles musicaux se mélangent avec harmonie et les morceaux sont d’une densité remarquable. Que ce soit sur l’intro piano de la chorale du Sunday Service Every Hour, sur Follow God, qui aurait largement trouvé sa place sur les discographies précédentes de Ye ou sur Everything We Need (nouvelle version du leak The Storm) et le mélancolique Closed on Sunday, la prod est au service du prêche de Kanye et l’auditeur s’en retrouve transporté, voire même habité par moment, d’une sensation de toute puissance. Là-dessus, chapeau à Mike Dean, Pi’erre Bourne, Timbaland ou encore Ronny J.

En plus d’être un excellent titre, Use This Gospel aura pour sa part le mérite de faire revivre Clipse, le duo composé de Pusha T et son frère No Malice qui n’avaient plus collaboré depuis près de 10 ans, et d’offrir un solo de saxophone surprenant à Kenny G, légende du gospel. Une collaboration encore plus symbolique quand on sait que le frère ainé de Pusha T s’était éloigné du rap pour se focaliser sur la religion quelques années auparavant. Alors, reformer le duo à l’occasion d’un album à la direction artistique très marquée gospel et religieuse, est un signe fort.

Un album dépouillé d’injures, pas de maladresses

Mais si les prods et sonorités de Jesus is King sont indéniablement réussies, le message même de l’album, lui, ne parlera sans doute pas à tout le monde. Les lyrics, dépouillés de toute injure, sonnent parfois comme un mauvais sermon. “Every time I look up, I see God’s faithfulness/ And it shows just how much He is miraculous”, exprime-t-il dans God is tandis que certaines punchlines sont franchement discutables : “closed on Sundays, you’re my Chick-fil-A” en référence à une chaîne de fast-food américaine fermée le dimanche sur Closed on Sunday. “You’re my number one, with the lemonade“, ajoute-t-il ensuite. Une pauvreté dans le fond assez rare pour un artiste du calibre de West, que l’on a connu plus pertinent dans l’association d’idées comme vecteur de son message.

Toujours est-il qu’il faut souligner l’audace et le culot de Kanye West qui, une nouvelle fois, a tenu sa promesse. Il avait promis un album religieux, le voici. Et force est de constater que la virtuosité de Kanye, d’une justesse exceptionnelle dans la direction artistique qu’il a voulue donner à son album, est magnifiée par l’émotion qu’il parvient à transmettre à son audience. Encore une fois, Ye est à contre-courant et, encore une fois, il a pris un risque énorme. Qui d’autre que lui a soumis sa fanbase à tant de changements radicaux musicaux au fil des années ? Qui d’autre que lui peut jouer avec son public au point même de l’exaspérer à coups de reports, de soutiens mal placés ou de frasques exubérantes, tout en sachant que celui-ci restera fidèle ? Qui d’autre que lui peut se targuer d’être aussi libre artistiquement parlant ? Si son message, sa conversion et son prosélytisme débordant feront débats, sa musique, elle, sonne toujours incroyablement juste. Et c’est bien là le principal.


Pour tout savoir de Jesus is King de Kanye West :

- tout ce qu’il faut retenir de l’interview de Kanye West pour Beats 1

- la liste de tous les producteurs, paroliers et samples crédités sur le nouvel album

- le pop-up imaginé par Kanye West à Los Angeles pour le lancement de “Jesus is King”

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