Cet Artiste Installe Des Céramiques À La Place De Graffitis Pour Questionner Le Rapport Au Vandalisme
Art ou vandalisme ?

L’artiste Pablo Savon questionne la limite entre art et vandalisme en remplaçant les graffitis qui habillent les murs parisiens par des œuvres en céramique. Il se demande ainsi si en changeant la forme de l’œuvre en choisissant la céramique, plus pérenne que la simple peinture du graffiti, la notion de vandalisme qui accompagne cet art urbain en devient changée.
“Art ou vandalisme”
Pablo Savon débute son projet “Art ou Vandalisme” après une première œuvre réalisée en céramique et au marqueur posée dans Paris. “Trois jours plus tard, toute la partie au marqueur a été repeinte mais celle en céramique n’a pas du tout été touchée. C’est là que j’ai compris que je soulevais quelque chose d’intéressant et qu’il y avait une différence de perception alors que l’action restait la même”, nous confie l’artiste. Il décide alors de mettre en parallèle l’art et le vandalisme et questionne ainsi le rapport qu’entretient la société avec le graffiti.
En effet, si le graff est majoritairement considéré comme une dégradation et souvent retiré rapidement par les agents de propreté ou même par des particuliers, il n’en reste pas moins considéré par beaucoup comme un art urbain et un moyen d’expression qui perdure depuis les années 60. Mais alors, “la céramique, de par sa nature, change-t-elle notre conception du vandalisme ? Pourquoi ce changement de support peut-il en modifier notre perception ?” Ce sont ces questions que Pablo Savon soulève avec son projet.
Céramique urbaine
Suite à ces questionnements, l’artiste commence son projet de céramiques urbaines. La démarche est simple : il repère un graffiti dans les rues de Paris et patiente jusqu’à ce que celui-ci soit effacé, avant de le reproduire au même endroit en céramique. Pablo Savon observe alors si son œuvre sera elle aussi retirée, tout comme le graffiti. Un an après le début de son projet, il constate que sur les neuf céramiques qu’il a collées dans Paris, seulement deux ont été retirées après plusieurs mois de pose. Il semblerait donc que le fait de remplacer la peinture du graffiti par la céramique modifie la perception qu’a la société de l’art urbain. Ce constat soulève alors une question : “Le graffiti peut-il devenir une œuvre d’art non éphémère, acceptée, respectée, parce qu’il a été réalisé en céramique ? “
Le projet de Pablo Savon nous pousse en effet à nous demander pourquoi le simple fait de remplacer les bombes de peinture par de la céramique rendrait une oeuvre de street art plus légitime qu’une autre. Et si cette question restera sûrement sans réponse, le travail du jeune artiste aura au moins permis de soulever une réflexion importante sur la perception du graffiti et du vandalisme par la société.
Découvrez les images du projet “Art ou Vandalisme” de Pablo Savon dans les rues de Paris ci-dessus.