Eddy De Pretto, L'Audace Incisive - Interview

“A la maison c’était Brassens, Brel, Barbara… En bas, c’était Sniper, 113, Rohff.”

 

Eddy de Pretto ne marche dans les pas de personne, et se compare difficilement à qui que ce soit. L’associer à une catégorie, rapprocher sa musique de celle d’un autre, définir son style, autant d’actions peine perdue tant le chanteur, révélé il y a à peine un an, brise les codes et invente son propre registre, déchirant les étiquettes. Derrière une sensibilité exacerbée se cachent une rage de réussir et une détermination palpable à travers le ton qu’il emprunte pour interpréter ses sons. Si l’artiste rassemble, ce n’est pas uniquement grâce à son attitude affirmée, mais grâce aux clichés qu’il contribue à abattre à travers des textes toujours plus poignants et sincères. Des textes déjà entonnés par son public lors de ses représentations, et les représentations, Eddy va les enchaîner durant de nombreuses semaines. En effet, le chanteur entame sa tournée, enthousiaste comme jamais. Entre soif de réussir, problématiques de genres, réflexions sur la psychologie du vêtement, Eddy nous raconte son cheminement vers une plus grande confiance en lui.

 


                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    eddy, de, pretto, interview, shooting
                                
Eddy porte un ensemble adidas, une sacoche Burberry, des lunettes Oliver Peoples et des sneakers adidas Yung-1.

ORIGINES

 

HYPEBEAST FR : Raconte-nous un peu ton parcours.
Eddy De Pretto : Quand j’étais petit, j’adorais me donner en spectacle, je me mettais en scène dans mon salon avec un halogène, je chantais. Vers 10 ans, ma mère m’a inscrit à la MJC pour que je m’initie au théâtre, puis au chant. C’était tous les lundis, et toutes les semaines je mourrais d’envie d’y retourner, j’ai su rapidement que je voulais en faire mon métier. Après le bac, j’ai annoncé à ma mère que je comptais aller à Paris suivre les cours de l’Institut Supérieur des Arts de la Scène. C’est ce que j’ai fait pendant 3 ans, puis je suis entré au conservatoire. En parallèle, je développais mon projet perso, j’écrivais, je faisais de la musique, j’avais envie de dire des choses, de parler de moi.

 

D’après tes textes, on comprend que tu as grandi dans un milieu où les garçons se doivent de jouer au football et d’aller à la salle de sport. Comment évolue-t-on dans cet état d’esprit lorsque l’on n’y correspond pas ?
C’était une galère. Ma mère ne voulait pas du tout que j’intègre une école de chant, pour elle ça restait un hobbie, une passion, pas un métier. Mon père disait que la danse, le chant et le théâtre, c’était des choses pour les filles, pas pour les garçons. Pour lui, j’aurais dû aller à l’usine, bosser à la dure. Je me retrouvais le soir dans ma chambre avec cette envie folle de dépasser tout ça. Je voyais de ma fenêtre le faisceau de la Tour Eiffel et je me disais : “C’est là que je veux aller “. Je me suis libéré des injonctions de mes parents, et des idées préconçues des gars d’en bas de chez moi qui étaient complètement fermés à toute idée d’une sensibilité chez un garçon. Ils étaient branchés salle de sport, je ne me reconnaissais pas là-dedans, alors un jour je suis parti m’installer à Paris et tout m’a paru possible, j’avais envie de tout y accomplir.

 

T’es-tu senti soutenu malgré tout dans tes choix de carrière ? Comment réagissent-ils aujourd’hui ?
Je me suis senti moyennement soutenu, mais aujourd’hui ils sont très fiers, ils n’en reviennent pas.

 

Au sujet du Printemps de Bourges, tu disais que : “Au fond de toi, tu savais que tu allais remporter le prix des Inouis “. Entre tes problématiques familiales, ton homosexualité pas si simple à assumer au début, d’où te vient cette confiance en toi ?
J’ai cette force d’esprit depuis tout petit qui me dit que si tu veux y arriver, tu peux y arriver, et tu vas y arriver. Je voulais penser que j’allais remporter ce prix, que j’allais arriver à mes fins et vivre de la musique. Je ne suis pas un garçon très sûr de lui, donc je reste modeste, c’est juste qu’au fond de moi je sentais que c’était possible.

 

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Gauche : Eddy porte une parka Andrea Crews, un trackpants Wasted, une casquette BOYHOOD, des lunettes Oliver Peoples et des sneakers adidas Yung-1.
Droite : Eddy porte une veste Burberry, une casquette BOYHOOD et des lunettes Oliver Peoples.
 

MUSIQUE

 

Qui sont tes icônes, les artistes auxquels tu t’identifiais étant gamin ?
Je n’ai pas vraiment eu d’icône, mais j’écoutais énormément Diam’s à l’époque. L’album ‘Brute de femme’, ‘Dans ma bulle’. C’est une meuf qui me parlait dans mes années collège. Ma mère passait Brassens en boucle, Brel, Barbara, j’entendais leur musique constamment à la maison, et en bas de chez moi c’était Sniper, Rohff, 113, bref deux salles, deux ambiances. C’était mon milieu musical, tu vois ? Inconsciemment, ce mélange s’est ancré en moi et fait aujourd’hui partie de mon ADN musical.

 

Te définis-tu comme un rappeur ?
Non. Je ne me définis pas du tout d’ailleurs.

 

Comment écris-tu tes textes, dans quelles conditions ?
Aujourd’hui, j’ai besoin d’un cadre, d’être focus, enfermé en studio, sans internet. Je n’ai pas forcément de méthode, les paroles me viennent. Je fonctionne au ressenti, à l’instinct. Parfois, j’ouvre des notes que j’avais pré-enregistrées sur mon téléphone, je les retravaille, je les étire, les peaufine et ça fait des chansons.

 

Tu te livres énormément à travers tes textes, le tout avec un ton très affirmé, très fort. Comment cette transparence, cette mise à nue, devient-elle une force ?
Je parle juste le plus sincèrement possible de ce que je ressens, des questions que je me pose, et je reçois énormément de messages de gens qui me confient des choses, qui ont trouvé une raison de vivre à travers mes textes, c’est énorme. Mes chansons aident à débloquer des choses chez certains. A leurs yeux, j’ai transformé ce que l’on peut encore qualifier encore aujourd’hui de “défaut” en qualité.

 

Qu’est ce qui t’anime le plus au sujet de ta tournée à venir ?
C’est fou une tournée. J’ai fait énormément de festivals, comme Solidays, Garorock, Déferlantes, les Eurockéennes, Fnac Live, les Vieilles Charrues… Et les proportions sont massives, je ne m’imaginais pas arriver aux Solidays sur une énorme scène avec une foule de 40 000 personnes devant moi. Au quotidien, tu ne te rends pas forcément compte de l’impact que tout ça peut avoir, et d’un seul coup tu vois toutes ces personnes chanter tes chansons, c’est un truc de dingue.

 

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Eddy porte un ensemble adidas, une sacoche Burberry, des lunettes Oliver Peoples, une casquette BOYHOOD et des sneakers adidas Yung-1.

STYLE

 

Tu portais quoi gamin ?
Il y a eu cette époque où on faisait des photos avec nos webcams. Je portais des longs t-shirts avec des dauphins, des petites lunettes, quelque part entre le hippie et le emo. J’avais aussi des chaussures hyper hautes, compensées, tout le monde s’est moqué de moi le jour où je suis allé à l’école avec.

 

Quelles marques chéris-tu aujourd’hui ?
J’aime beaucoup le travail de marques comme BOYHOOD, The HOODLAB, GRAM. Ce sont de jeunes créateurs et il est important de les soutenir. J’ai un référent mode sur Instagram, qui me permet de découvrir de nouvelles choses et d’oser des associations, c’est @terencesambo, je lui voue toute ma confiance !

 

Crois-tu au pouvoir du vêtement pour parler de soi ?
Clairement. C’est aussi une question d’attitude, ça m’aide beaucoup. Quand tu te produis devant une foule de gens, tu dois assumer qui tu es, avoir confiance. La puissance, l’énergie corporelle que tu vas amener sur scène, sont des conséquences directes de l’état dans lequel tu te sens en portant tes sappes. Je ne me sens pas le même sur scène si je porte un short avec mes jambes mises à nu, ou à l’inverse un treillis. Quand je porte un pantalon cargo, je joue de cette attitude, de la confiance que cela m’apporte et c’est là que je me sens le plus conquérant.

 

Comment définirais-tu la masculinité ?
C’est quelque chose d’important, qu’il ne faut pas nier, mais c’est d’autant plus important d’associer ce masculin à une part de féminité. Que tu sois homme ou femme, assumer la rencontre et l’équilibre entre masculinité et féminité est la clef. C’est encore loin d’être le cas dans l’opinion publique aujourd’hui.

 

En ce moment, on tend beaucoup à flouter les genres, à faire tomber les clichés. Homme fragile ou femme virile ne sont plus des associations étrangères. Qui sont tes exemples de femme virile ?
Diam’s bien sûr, mais aussi Shay, Ayana Kamura, ou encore Liza Monet. Elles font le chemin en sens inverse, parfois même elles reproduisent les shémas et les discours des mecs. Elles ont un positionnement, des choses à dire, à revendiquer, et je pense que c’est ce qui les rend, pas forcément masculines, mais en tout cas puissantes.
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Text By
Photographer
Valentin Fabre @valentinfabre
Make-Up
Aurore Gibrien @auroregibrien
Photography Assistant
@viectorp
Stylist
Barbara Malewicz
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