Pourquoi Le Maillot Que Portera La Croatie Contre La France Pourrait Lui Porter Malheur...
Derrière le damier, de cruelles statistiques.

La Croatie disputera face à la France sa première finale de Coupe du monde. Moment historique pour ce petit (4 millions d’habitants) et jeune (indépendant en 1991) pays des Balkans, qui malgré une tradition de joueurs techniquement hors pair, n’avait jamais fait mieux qu’une demi-finale. C’était en 1998. Et son tombeur n’était autre que l’équipe de France, portée par un doublé du providentiel Lilian Thuram.
On imagine l’ambition des Modrić, Mandžukić et Rakitić de faire une pierre deux coups en vengeant Davor Šuker et leurs glorieux aînés. Seulement, il leur faudra pour ça se dépasser physiquement, les Vatreni ayant l’équivalent d’un match en plus que les Bleus dans les jambes, ainsi qu’un jour de récupération en moins. Dépasser, également, la charge mentale de jouer avec leur maillot au damier rouge et blanc. Aussi emblématique que porte-poisse.
Seulement 25% de victoires avec le maillot à damier
Au moins autant que le talent de ses joueurs, cette tunique au design unique a directement permis au grand public d’identifier la Croatie à ses débuts dans les compétitions internationales en 1996. Elle est la déclinaison de son blason, qui pour la petite histoire, symbolise la royauté. Et remonterait selon la légende au Xe siècle et au souverain Étienne Drjislav, qui, emprisonné par le doge de Venise, aurait gagné sa liberté avec une partie d’échecs, épisode lui ayant donné l’idée de transposer le damier sur ses armoiries.
Mais le motif, aussi beau et symbolique soit-il, semble être un poids pour la sélection. Et ce, justement depuis ses débuts lors de l’Euro anglais 96 : les Vatreni y avaient gagné leurs deux premiers matchs dans une tunique extérieure blanche, mais en la troquant pour la version domicile sur les suivants, avaient récolté deux défaites et une élimination.
L’Histoire ne fera que confirmer cette difficulté : à l’heure d’aujourd’hui, les Croates n’ont remporté que 25% de leurs 19 matchs en compétition officielle avec leur maillot domicile (5 victoires, 4 nuls, 10 défaites), contre 75% des 20 rencontres disputées sous un maillot annexe, avec lequel ils n’ont perdu que deux fois (15 succès, 3 nuls, 2 défaites). À ce point-là, on pourrait parler de complexe. La question ne s’est guère posée durant cette Coupe du monde, où la Croatie n’a endossé sa fameuse tenue que lors de son tout premier match. Mais il s’agit d’un coup de bol, plus que d’un choix.
Le règlement de la FIFA pour faire pencher l’Histoire ?
Ce ne sont pas les équipes qui choisissent les maillots qu’elles portent sur ce Mondial, mais la FIFA. Et si cette dernière assure dans le règlement de la compétition vouloir privilégier “dans la mesure du possible (…) les couleurs officielles“, soit le premier maillot de chaque nation, elle fait ses choix justement en fonction des couleurs, qui se doivent d’être suffisamment contrastées. Raison pour laquelle la Croatie a échappé depuis la première journée à son damier. Et raison pour laquelle elle disputera son dernier match face à la France en rouge et blanc.
La tunique extérieure des Vatreni, mélange de marine/noir, est visuellement trop proche du bleu français, qui sera dans tous les cas prioritaire d’après le calendrier qui désigne la sélection de Didier Deschamps, toujours selon le règlement de la FIFA, comme “l’équipe qui reçoit“. Le damier ne saurait pour l’heure contrarier l’espoir croate d’un exploit mondial, quand bien même les statistiques, bien connues au pays, jouent en sa défaveur. Quand bien même, en 98, Šuker et les siens avaient comme leurs successeurs gagné leur premier match dans le maillot domicile, ne l’enfilant à nouveau que pour perdre. Ce ne sont que des faits, mais en football, l’Histoire est toujours pesante. Et les malédictions, souvent tenaces.