Du Stade À La Rue, Zinedine Zidane Enflamme Saint-Denis Avec L'Inauguration De Son Playground "ZZ10"
S’il en fallait la preuve, la voici. La légende Zidane est loin d’être oubliée.
“Inauguration pluvieuse, inauguration heureuse !” Thomas Thouroude tente bien de chauffer la foule, c’est bien la pluie l’invitée la plus présente en ce lundi après-midi à Saint-Denis. Mais elle ne volera pas la vedette à Zinedine Zidane. Lorsqu’il débarque sur le playground multisports représentant le maillot bleu qui portera son surnom de “ZZ10”, quelque chose s’illumine. Dans cette initiative d’adidas visant à célébrer les 20 ans de la victoire en Coupe du monde, glanée à quelques centaines de mètres de là, il y avait l’idée d’une commémoration, d’un passage de relais avec une jeunesse qui n’a pas vécu le moment. Pour autant, sur place, tout le monde sait qui est Zizou.
Les gamins des écoles primaires conviés à l’événement, de même que les ados du Red Star ou d’un club du coin, s’ils ne l’ont pas vu jouer, scandent ou susurrent son nom dès son apparition. Peut-être ont-il maté le documentaire “98. Secrets d’une victoire” passé la veille. Mais on doute qu’il ne s’agisse que de ça, à l’heure où les plus jeunes entonnent le “et 1, et 2, et 3-0 !“. La légende Zidane est toujours prégnante. Et il y a comme un frisson lorsque l’ancien numéro 10 des Bleus, après le petit cérémonial d’usage pour inaugurer le playground, se saisit du micro.
“Y’a tellement de choses compliquées, que quand on peut s’amuser, il faut”
“Avec la pluie c’est un peu dommage, mais c’est pas grave, c’est l’histoire qui compte et le fait d’être là vingt ans après, c’est bien… C’est bien de se retrouver, de se remémorer un peu ce qu’on a vécu, entre ce qu’on va vivre aujourd’hui et demain, c’est top“, commence-t-il. Avant d’enchaîner sur la jeunesse, de dire qu’il sera “fabuleux” pour elle de pouvoir jouer sur un terrain tel que celui-là, quand lui, gamin de la Castellane, “mettait deux t-shirts pour faire les buts“. Mais Zizou est aussi ému pour autre chose. “J’aime bien revenir à l’histoire, et l’histoire c’est que mon papa a travaillé là, avant que le stade n’existe, donc l’histoire est belle“. La Plaine Saint-Denis, l’un des premiers pans de l’histoire des Zidane avec la France. Avant 98.
“Au-delà de ce qu’on a fait sur un terrain, on a réuni tous les gens. C’est ça le top, la vraie histoire et la beauté de ce sport“. Les jeunes commencent à rejoindre Zizou sur le fameux terrain, divisé entre un espace foot, basket, skate et street workout. “C’est ça l’important : qu’ils s’amusent. Y’a tellement de choses compliquées, que quand on peut s’amuser et profiter, c’est ce qu’il faut“, invite ZZ avant de s’éclipser. Après quelques selfies, séances d’interviews à l’abris. Au dehors, les gamins prennent possession du lieu. La pluie n’arrange pas les choses, alors on n’ose pas plus physique qu’un toro pour commencer. Mais après une vingtaine de minutes, les gamins du primaire piquent le cuir aux plus grands, et des vingtaines de jambes se disputent la gonfle, façon cour de récré.
Le maire de Saint-Denis Laurent Russier savoure. “Nous on a envie que l’espace public soit utilisé de la meilleure des manières, et que les jeunes, les adolescents et les adultes y trouvent tous leur place. On veut que l’ensemble des habitants puissent se l’approprier“. À un panier de basket près, l’élu est très satisfait du playground signé adidas. Avant, il y en avait un autre, justement bâti en 98, “qui avait bien vieilli. C’était un besoin“. Les travaux sont allés vite, le maire a maintenant hâte que les habitants puissent profiter des lieux. Il anticipe même la polémique qui voudrait que l’événement ait été trop peu accessible. “Par essence, c’est une initiative privée avec adidas, avec quand même la légende qu’est Zinedine Zidane, donc on savait qu’on ne pourrait pas faire quelque chose avec tous les habitants. Le plus important, c’est qu’il y ait un héritage“.
“Te blesse pas Zizou !”
Quand Zizou réapparaît, les habitant sont justement nombreux, campés derrières les grilles. Quelques jeunes hommes discutent fort avec les vigiles. Sans doute voudraient-ils voir ça de plus près. Ce sera pour plus tard. Zidane accueille certains de ses collègues de France 98 pendant que la foule grossit alentour. Il y a Laurent Blanc, Fabien Barthez, Christian Karembeu, Robert Pirès… Zizou a un mot pour chacun d’entre eux, avec qui il disputera ce mardi un match de gala à la U Arena. Il en chambre un certain nombre. “Youri, toujours beau gosse“, dit-il de Djorkaeff, quand il croit voir que Vincent Candela “a un peu maigri“. Le premier finit par le sommer de marquer un but pour inaugurer le terrain. “Te blesse pas hein Zizou, fais des choses simples“, lui intime Laurent Blanc. Zizou manque le premier tir, et pour réparer le truc, se cache les yeux pour marquer du second.
Sur ce, félicitations à la jeune équipe de Casa93, qui a élaboré le maillot que France 98 portera pour son match. Puis, tournée des médias dans une fiévreuse ambiance journalistique. Coupe du monde dans trois jours + départ récent du Real Madrid, CQFD, Zizou est très demandé. La question de son avenir, pourtant prohibée, demeure sur toutes les lèvres. “Je me repose et je ne pense qu’à ça, à me reposer“, dit-il serein aux micros et caméras, balayant la rumeur qui voudrait qu’il prenne la suite à la tête des Bleus. Le tour ne dure pas bien longtemps. Zizou a le goût d’aller saluer les gens de Saint-Denis, réunis en masse derrière la scène. Ils sont peut-être une centaine. Là encore, les “Zizou” sont scandés à tue-tête. Saint-Denis n’a aucunement oublié Zidane. Et n’est pas près de le faire.
