Moha La Squale, Les Sentiers De La Gloire

Rencontre avec celui qui a troublé tous les radars du rap français.

Le 14 avril, la vie d’un Corrézien a été bouleversée… 14 millions d’euros, une somme amassée grâce au remplissage heureux d’un bulletin de loto. La responsable des grands gagnants de la FDJ, Isabelle Cesari, décrit un vainqueur dans un “très bon état d’esprit, très serein, et qui a plein de projets en tête ». Tant mieux ! D’autres fois, cette chance perturbe des parcours plus cabossés. Euphorie, paranoïa, jalousie, dépression… L’esprit résiste à ce changement, une pression décuplée par l’évolution du regard des « autres ». Le psychologue Edmond Marc explique : « Qu’on le veuille ou non, le gain va souvent faire passer d’une relation symétrique à une relation hiérarchique. Il va y avoir plus de déférence, de distance, de demandes… »

Aujourd’hui, d’autres profils sont transfigurés par un succès aussi soudain que vertigineux. Ces derniers ont préféré remplir des pages blanches de rimes structurées par des instrumentales virevoltantes. PNL, Jul, Niska, MHD, Damso, SCH… Cette génération d’artistes ne peut pas se réduire uniquement à la chance, sa réussite se forge en alliant travail et talent. Malgré tout, des rappeurs connaissent un chamboulement similaire aux gagnants du loto. Dernièrement, l’histoire de Moha La Squale a troublé tous les radars du rap français. Il y a quelques mois, cet artiste protéiforme se les gelait sur son scooter entre deux livraisons Uber Eat… Aujourd’hui, la sortie de son prochain album devient l’un des événements culturels les plus attendus des prochaines semaines.

 

HYPEBEAST FR : Comment vis-tu cette soudaine notoriété ?

Moha La Squale : Au début c’était lourd… Quand les gens te reconnaissent dans le rue, ça te donne de la force. Mais par exemple, je viens juste de recevoir un appel à l’instant et je ne suis pas bien… Je vais toujours rester « pro » à l’extérieur mais à l’intérieur c’est plus compliqué.

Quels sont les changements que tu identifies actuellement ?

Toute ma vie a changé, je vis maintenant de la musique. Il y a un an, jour pour jour, j’étais coursier. Je travaillais dans le froid, j’avais des dettes… Aujourd’hui, je m’habille toujours en « tout neuf ». Pour mes quatre premiers clips, j’avais la même paire de basket et ça faisait déjà un moment que je la portais. Maintenant, des paires j’en ai… C’est un tout.

L’endroit où je me sens le mieux c’est dans mon quartier car j’y ai grandi, tout le monde me regarde avec fierté. Il y a ceux qui ne changent pas qui me connaissent depuis tout petit, ils n’en ont rien à foutre de « La Squale ». J’étais un petit délinquant, je vendais de la drogue, je volais…

Parfois, j’oublie même que je suis « La Squale ». À 80% ça me rend heureux mais là on discute ensemble des 20%.

 

Justement, c’est toujours agréable d’être reconnu dans la rue ?

Il y a des gens qui me voient et ils croient que je suis leur poto… Et moi ça me fait grave plaisir mais on ne se connaît pas.

Tu entres personnellement dans la vie des gens alors qu’eux y sont entrés en tant que public.

Les gens sont contents que ça marche pour moi, c’est un truc de « ouf ». Parfois je n’en dors pas. Je sors dans la rue à 4 heures du matin, je vais croiser un mec qui me reconnaît, il est content pour moi. Il fait une photo avec moi et je sais que je l’ai rendu grave heureux. Lui ne sait pas qu’il m’a transmis de la force.

C’est lourd mais comme tout être humain, je ne suis pas tout le temps apaisé. Il y a des moments où je me suis embrouillé avec ma copine, pris la tête avec un pote ou ma tante est malade… Je ne sais pas. Parfois, j’oublie même que je suis « La Squale ». À 80% ça me rend heureux mais là on discute ensemble des 20%.

C’est la soudaineté du changement qui est brutale ?

Mon statut et ma vie ont changé du jour au lendemain. Du coup j’essaie d’y aller doucement, de temporiser, de prendre mes marques. Je ne veux pas faire le mytho, je kiffe ma vie. Mais parfois, il y a ces petits trucs…

J’ai un making-of personnel avec 420 (420Workshop réalise tous ses clips, ndlr) qui me suit depuis le début. Au départ, j’avais un iPhone 5 depuis 3 ans. Pour le charger, j’avais trouvé une technique incroyable car il avait un problème de contact (il montre la manipulation sur son nouveau smartphone). Avant, mon téléphone ne sonnait pas, j’étais tout seul. J’avais ma meuf, ma mère, mes sœurs, mon frère, quelques rares amis…

 

Moha La Squale, Interview, Hypebeat France

Moha La Squale porte une veste en denim SANDRO, une chemise à carreaux LACOSTE, un pantalon de jogging ADIDAS ORIGINALS BY ALEXANDER WANG, des baskets
FILA et un un béret STETSON.

À quel moment les maisons de disques ont commencé à t’approcher ?

Dès le premier mois, en une semaine j’ai dû être en contact avec tout le monde. De mon côté, j’ai voulu prendre mon temps. Je ne voulais pas faire n’importe quoi de ce qui m’arrivait. J’ai continué mes clips et je gérais ça sur le côté. J’ai pris mon cousin comme manager qui connaissait le milieu avec sa boîte de production. Il m’a aidé car je n’étais pas du tout là-dedans.

Pour être cru, tu sais qu’il y a de l’argent et tu sais que tu peux te faire niquer aussi. En vérité, si j’y étais allé tête baissée je me serais fait avoir. Ça aurait été beau sur le papier mais pas pour moi. Là c’est carré ! J’ai gardé la même mentalité que dans la rue sauf que les sommes étaient différentes. Toute ma vie s’est jouée au culot, j’ai vendu de la drogue au culot.

As-tu eu peur un moment que ton travail avec une maison de disques casse la spontanéité de ta démarche ?

Au début, j’avais ce besoin de faire de la musique mais je ne voulais absolument pas me griller avec les Cours Florent (il est également comédien). Je commençais juste à sortir de la street. Du coup, j’avais peur que les gens prennent mon implication dans le rap comme un retour à la rue. De mon côté, je faisais bien la distinction entre les deux. Au final, le pari a été gagnant.

Sur les premiers sons, je n’ai pas pensé une seconde à l’aspect économique. Cette spontanéité est devenue une stratégie pour les maisons de disques. Au final, j’envoyais mes clips sur Facebook et mon public les diffusait sur YouTube. Je ne suis pas le produit d’une maison de disques mais de La Banane.

 

Certains veulent représenter la rue à tout prix sans en venir.

 

J’ai le sentiment que pour toi c’est fondamental de ne pas décevoir ton public.

J’essaie en tout cas. Au fil des semaines, il y avait une pression car je devais sortir un morceau tous les dimanches. Pour moi, il ne fallait pas que je les frustre le dimanche d’après. Je voulais donner aux gens ce qu’ils attendaient.

On parle souvent des plus jeunes mais il y a même des parents qui m’écoutent. J’ai lu de la part de mamans qui vivaient seules avec leurs enfants, des mots grave touchants. Je suis devant mon téléphone, ça me met les larmes. La meuf ne le sait pas. Au début j’essayais de répondre à tout le monde mais maintenant je ne suis plus. Je ne me rendais pas compte de la progression de ma notoriété car je ne faisais que bosser.

Tu es prêt pour tout cet amour ?

C’est encore un peu tôt pour que je te réponde. Le meilleur exemple, c’était pour mon concert à La Maroquinerie le jour de mon anniversaire. Quand le DJ me dit : « Tu as fait un petit peu plus d’une heure sur scène. » Je lui ai répondu : « Jamais de la vie ! » Je croyais que j’avais fait 15 minutes. C’est à ce moment que j’ai reçu le plus d’amour, j’étais sur un nuage.

Quand tu t’es lancé dans ce rendez-vous musical hebdomadaire, tu avais des billes d’une semaine sur l’autre ?

À la base je les avais… Dès que le rythme a commencé à s’accélérer c’est devenu plus compliqué. En même temps, j’ai commencé à préparer des morceaux prévus pour l’album. Pour les derniers dimanches, j’écrivais sur le tard. Pendant que j’écrivais, j’écoutais l’instru, je fumais mon joint, je buvais… Enfin je bois… Du jus (rires). En même temps, je pensais au clip et je commençais à l’organiser. Tac !

Si tu savais gros… Pour le dernier clip, « Pour La Dernière », on revenait de Cannes pour le Nouvel An et on avait annoncé le morceau pour 18 heures. Du coup, ça montait le clip dans la voiture. On a fini à 17h15. On s’est arrêté à une station essence pour l’ « uploader », heureusement qu’il y avait un bête de WiFi. C’était carré ! Je ne suis pas un mytho… Quand je dis 18 heures, ça sort à 18 heures. Tu vois ce que je veux dire ?

 

Moha La Squale, Interview, Hypebeat France

                                 Moha La Squale porte une veste BOTTEGA VENETA sur MatchesFashion.com, un pantalon AMI et des Nike Air Force.

Ce qui est marquant, c’est la façon dont tu te dévoiles dans tes textes.

J’écoutais du rap avant, je trouvais qu’il y avait beaucoup de menteurs. Certains veulent représenter la rue à tout prix sans en venir. Écrire des textes c’est un besoin, je cherchais à me débrider moi-même. Avant d’être connu dans le rap, j’étais connu dans la rue. Quand j’écris que j’ai mangé du pain avec du pain dur, c’est la vérité ; quand j’écris que j’ai volé et que je suis tombé sur 10 000€, c’est la vérité…

A-t-il été difficile de faire découvrir tes paroles à tes proches ?

Au début, je les ai faites écouter à ma copine et elle me disait que ça sonnait grave bien. Pourtant ce n’est pas du tout une meuf du rap, ça m’a mis en confiance. Pendant un moment, je partageais ça uniquement avec elle. Ensuite, j’ai commencé à en parler à un pote des Cours Florent. C’est vraiment là que je me suis ouvert car j’étais enfermé dans mon quartier.

Je ne voulais pas les faire écouter à mes potes du quartier car « Moha fait du rap » c’était impensable. J’étais plus le mec qui a vécu ce que le rappeur raconte. Souvent, les rappeurs ne sont pas vraiment les gens de la street. Pour eux, c’était sûrement difficile parce que leurs parents gagnaient 3 000€ par mois avec plusieurs enfants. Mais pour d’autres, ta mère gagne 1 200€ par mois et elle est toute seule à subvenir aux besoins de sa famille. Du coup, tu dois vendre de la drogue parce que tu as faim… T’as capté ? Tu vends pour avoir le minimum et pour ressembler aux autres. Tu ne fais pas ça pour t’enrichir.

Tu es rapidement monté dans les échelons de la vente de drogue ?

J’ai commencé tôt et plus tu grandis plus tu veux de l’argent. Tu touches à une économie parallèle et à un monde parallèle. Tout est en liquide, tout est en papier… Les sommes sont différentes. Quand je travaillais pour Uber Eat, je touchais 10/12€ de l’heure alors qu’à 13 ans je faisais 200/300€ sur le terrain. Puis à 17 ans, je pouvais me faire 2 000/3 000€ à vendre de la coke un samedi soir.

De mes 0 à 8 ans, tout était normal… Je vivais de la même manière que tout le monde. À partir de 8 ans, j’ai commencé à comprendre comment les choses tournent. Puis à 11/12 ans, je devenais un petit rebelle qui volait les goûters et les bonbons des autres. Si je pouvais voler les quelques euros des professeurs sur leur bureau, je le faisais. J’étais un petit qui ne savait pas ce qu’il faisait… Ma daronne ne voit pas, elle ne levait jamais la main sur moi. Je n’ai jamais eu un : « Arrête ! » À la maison, je restais calme contrairement à quand j’étais dehors. À mes 12/13 ans, tout s’est enchaîné… Je vends de la drogue et c’est les montagnes russes : tu as de l’argent, tu te fais péter, tu fais un autre truc, tu voles…

J’étais en haut à 15/16 ans, même si ce n’était pas glorieux ce que je faisais, j’avais de l’argent. À l’époque, c’était ma petite revanche sur la vie. Quand les gens allaient manger ensemble après l’école… Je n’avais pas de sous, je ne pouvais rien faire avec eux. Quand ma situation a changé, j’allais manger où je voulais, je sortais où je voulais. J’étais mineur, j’allais en boîte de nuit.

Quand je suis sorti de prison je n’avais plus rien. Le 5 juillet 2013, le jour des résultats du bac, je dormais dans ma cellule et j’ai été réveillé par le 12:45 de M6. Je vois des petits de mon âge en train de pleurer et d’autres heureux pour leur bac. J’ai eu mal au cœur, j’avais les larmes. J’aurais voulu être à la place de celui qui pleure parce qu’il n’a pas le bac. Je n’ai pas eu cette chance de l’avoir ou de ne pas l’avoir.

Ça t’a sorti de ce monde parallèle ?

J’étais la mascotte au placard et ça m’a replongé dans ma vraie vie. J’étais le plus petit au milieu de personnes qui avaient 24/25 ans. Je n’étais plus avec des personnes de mon âge. En voyant ce reportage, je me suis rendu compte que je n’étais plus moi. Trop de choses se sont passées dans ma tête…

Je pensais à cette période où j’avais 8 ans où je disais bonjour aux policiers et aux pompiers. Ils étaient mes amis. Qu’est-ce qui s’est passé ? Quand tu es enfermé 22 heures sur 24, tu as de quoi cogiter.

Un jour les keufs me contrôlent à la rue Duris et me disent : “Si tu vends des barrettes pour aller aux Cours Florent, c’est bon”

 

 


                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    
                                    

                                    Moha La Squale, Interview, Hypebeat France
                                                                            Moha La Squale porte un sweatshirt AVOC et un pantalon DIOR HOMME.

 

À quel moment, tu as su que tu n’allais pas replonger ?

Quand j’ai récupéré mon premier chèque chez Warner après ma signature (rires)… Même si c’était la fin avant ça. J’avais déjà décidé de changer car j’avais enclenché la démarche des Cours Florent, du court-métrage (La Graine). Je voulais jeter cette vie à la poubelle. Je te dis ça mais aujourd’hui j’ai encore 45 mois de sursis sur ma tête. J’ai pris conscience que quand tu es dans la rue, c’est un rêve d’atteindre la trentaine.

Tu parles souvent de ta copine, c’est orignal dans un milieu où beaucoup d’artistes entretiennent un mystère pour préserver une forme de désirabilité ?

Je reviens de loin et personne n’était là… Elle a fait le bonhomme ! Je ne sais pas pourquoi on dit ça car on pourrait dire : « Elle a fait la femme ! » S’il n’y avait pas eu « La Squale », elle serait là. Il n’y avait pas un texte de rap, juste un livreur de chez Uber Eat qui n’avait pas 1€.

Enfin, j’ai l’impression que beaucoup de médias généralistes se servent des Cours Florent pour parler de toi. C’est un angle qu’ils utilisent beaucoup.

Ce qui me fait plaisir c’est que je n’ai pas fait tout ce travail pour rien. Avant le rap, j’ai fait deux ans aux Cours Florent et j’entamais ma troisième année. Je payais 400€ par mois pour y aller, il fallait que je cravache comme un chien. Un jour les keufs me contrôlent à la rue Duris et me disent : « Si tu vends des barrettes pour aller aux Cours Florent, c’est bon. Il t’en faut combien ? Tu vends 40 « 10€ » et tu te casses ! » La tête de ma mère qu’ils m’ont dit ça. Ils étaient contents pour moi. C’était à un moment où je commençais à arrêter. Même s’il y a beaucoup de bobos là-bas, ils se contentaient de peu. Ils ne se sapaient pas comme « je ne sais pas quoi ». Quand tu n’as rien eu tu as cette frustration, je voulais tout.

J’imagine que tu dois avoir de belles propositions au cinéma.

Je veux bien arriver dans le cinéma. C’est beau de faire un film mais ce n’est pas suffisant, il faut penser plus gros. Le cinéma c’est ma base même si aujourd’hui je vis de la musique.

Il y a un an, il n’y avait rien quoi…

Oui je fais le malin (il rit et reprend son sérieux). Je n’ai pas le droit de faire le con. Tu peux gagner au loto mais il faut capitaliser sur ton gain… Sinon, il ne te restera plus rien. Tu es obligé d’investir. Aujourd’hui, j’essaie de faire quelque chose de ce qui m’arrive, je ne suis pas là pour faire un braquage.

 

 

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Text By
Writer
Julien Bihan
Stylist
Camille Joséphine Teisseire
Style Assistant
Céline Gaulhiac
Photographer
Paul Mougeot/ Hypebeast France
Make-Up
Cyril Laine
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