Eugène Riconneaus, L’Artisan Transgressif

“Il y avait vraiment une connexion avec la transgression que j’ai dans mon travail et qu’il y a aussi chez Dr Martens au final.”

Footwear 

Pour mettre en lumière les talents de ses exposants, le salon international Première Vision a réuni le savoir-faire du chausseur Eugène Riconneaus et la marque iconique Dr Martens, dans le cadre d’une exposition exclusive. Dans son showroom parisien, Eugène Riconneaus nous reçoit entre croquis et souliers autour d’un café. Plasticien, photographe et designer, le chausseur nous raconte son histoire, ses inspirations et nous parle de sa collaboration avec Dr. Martens. Rencontre

Bonjour Eugène, d’où t’es venue cette passion pour le soulier ?

C’est le soulier qui est venu à moi. Pour que tu comprennes un petit peu plus, j’ai commencé à faire du skate très très jeune. Comme pas mal de gamins assis et puis petit à petit en grandissant justement debout, vraiment le skate comme on l’entend. J’avais à cette époque l’occasion d’être soutenu par les marques et donc d’avoir des planches de skates, des t-shirts et de faire partir d’un crew. Mais pas forcément l’occasion d’avoir des skateshoes tous les mois et en fait, j’ai commencé à faire une fixette et devenir une sorte de sneakerhead on va dire, ça vous parle chez HYPEBEAST (rires, ndlr). Donc, de là j’ai commencé à rêver sneaker et surtout à essayer de comprendre comment je fais faire une sneaker pas forcément indestructible, mais pourquoi je les usait aussi vite en skatant. Et ça m’a poussé à passer la porte d’un atelier. Dans ma rue, il y avait un atelier d’un monsieur qui s’appelait Gino et lui faisait de la botte sur-mesure pour la chasse à courre. Je suis né à Blois et justement à Chambord tu as la chasse à cours avec des familles qui viennent chasser et lui réalisait des bottes sur-mesure d’équitations pour ces gens-là. En rentrant dans l’atelier, il ya eu une sorte de déclic. J’ai été pris sous l’aile de l’atelier et j’ai appris comment on pouvait faire une chaussure. Petit à petit, tout en skatant et en continuant d’avoir cette passion pour la chaussure en général, j’ai commencé à dessiner ce qu’on appelle un soulier. C’est vraiment quelque chose fait de manière artisanale et sur-mesure. Ce qui est assez drôle, c’est qu’au final à 14 ans les posters que j’avais de skate sur mon mur se sont transformés en dessins de chaussures. L’anecdote est que en fait, je dessinais beaucoup de chaussures pour mes petites amies, donc des chaussures pour femme, j’étais un grand timide. C’est pour ça que j’ai décidé de faire des chaussures pour femmes et pour hommes.

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Les collections sont travaillées à partir de matériaux nobles d’après ce que l’on peut voir. Tu respectes beaucoup la tradition française. Peux-tu nous expliquer ce processus ?

Je travaille beaucoup avec des matériaux nobles. Des peausseries d’excellence qui sont choisies et triées. Ce qui m’intéresse surtout c’est la manière dont je vais les travailler et la manière dont je vais les transformer. Ce qui m’intéresse c’est de mixer quelque chose de très traditionnel français à quelque chose qui a rien à voir avec quelque chose qui a rien à voir qui va venir de la culture du street. Par exemple, je vais avoir un soulier qui est inspiré d’une reine française Marie-Antoinette ou Gabrielle d’Estrée. Quelque chose qui a rien avoir avec quelque chose de très urbain. Je vais venir ensuite repeindre sur la chaussure. Le tout c’est de venir peindre avec quelque chose classique de l’acrylique mais sur un agneau plongé pour des codes de savoir-faire français, c’est une transgression de faire ça. N’importe quel chausseur se demandera pourquoi tu es venu faire ça. C’est ça qui m’intéresse, transformer la matière sur quelque chose dont on ne s’attend pas, donc je travaille sur du satin, du veau, du chevreau, des peausseries exotiques, différentes techniques, de la broderie, de la pose de petits studs un à un sur les chaussures, les cuirs stretchs, de l’or qu’il y a sur la signature de mes souliers avec la couronne. C’est un bon exemple de ce que je viens d’expliquer au final. La chaussure que je portais tout à l’heure, à les réaliser en chevreau qui est une matière très précieuse, en peausserie noble. L’inspiration ici vient des reines, mais cela a aussi un double sens de lecture, c’est à dire le côté un peu arme et dessus je suis venue splasher de manière très littérale. C’est de l’or 24 carats.

On a pu voir que tu es également un artiste plasticien et photographe, comment tu combines ces différentes casquettes à ton travail artistique ?

En réalité, les trois sont liés. Je vais souvent partir d’un concept global, d’une peinture sur laquelle je vais avoir une expression libre à 100%. Pour ensuite m’inspirer et faire du soulier, cela peut être un soulier pour homme comme je peux faire sur Undun. Là ça va être plutôt mon côté sur des influences beaucoup plus proches comme je peux faire en peinture avec mon skate, mais cela va être aussi sur des chaussures femmes. Par exemple, sur ma prochaine collection de l’été 2018, j’ai réalisé une série de peintures autour de l’épine de rose. J’ai peint des épines de rose qui m’ont donné l’inspiration couleur et détails pour ensuite faire la série épines de rose. Sur le projet avec Dr. Martens, il y a 5 peintures, c’est intéressant de voir quelle est la connexion entre les souliers et les peintures qui est abstraite. Il y a une connexion qui part de là. Cela m’arrive aussi de réaliser une série de peintures où je vais venir photographier cette peinture pour réaliser un escarpin, une bottine ou une cuissarde.

“Il y avait vraiment une connexion entre la transgression que moi j’ai dans mon travail et qu’il a aussi chez Dr. Martens au final.”

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Comment est née cette collaboration avec Dr. Martens ?

Cela a été une évidence. Il y avait cette volonté d’aider Première vision à mettre en avant le savoir-faire de leurs exposants. Forcément c’était une volonté de venir retravailler et customiser les chaussures Dr. Martens. J’avais aussi envie de faire un projet très transparent sans filtre et qui met justement en avant le savoir-faire des artisans, car ils sont eux aussi les créatifs. Ils réalisent une idée que je peux avoir et ça colle au final avec la manière dont on m’a appris. Très jeune, j’ai été conseillé par des bottiers qui m’ont appris beaucoup de choses. Là, je rends hommage à des artisans qui ont réalisé toutes ces pièces sur lesquelles j’ai pu réaliser les Dr. Martens. Il y avait vraiment une connexion entre la transgression que moi, j’ai dans mon travail et qu’il y a aussi chez Dr. Martens au final.

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Quelles sont les valeurs que tu défends dans ton travail ? Qu’est-ce que tu représentes à travers tes travaux ? Est-ce qu’il y a un engagement derrière ?

J’essaye de part mon travail de montrer quelque chose sans filtre, de réel et de parler à une génération qui est la mienne, j’ai 28ans. Je crée pour des personnes qui existent vraiment, je ne crée pas pour un fantasme. Je ne crée pas pour une femme qui sourit forcément lorsqu’on la prend en photo. On est sur quelque chose de réel. J’aime employer le terme empowerment, donc la prise de pouvoir de la femme. J’ai un certain freedom dans tout ce que je peux faire. J’ai pas forcément de limite ou de case dans laquelle je veux à tout prix être identifié. C’est pour ça que plasticien-chausseur c’est un bon terme, ça englobe pas mal de choses. En clair, je m’adresse à des personnes réelles et non à du fantasme.

“Le skate m’a donné la créativité pour pouvoir peindre.”

La transgression c’est quelque chose qui revient beaucoup dans ta démarche artistique. Pourquoi ?

Je pense que c’est assez naturel. Être transgressif, ce n’est pas se contenter aux lignes de conduite que l’on nous imposent étant jeunes. Penser différemment, la transgression est pour moi assez proche de la création. Si je n’avais pas été transgressif étant jeune, je n’aurais jamais commencée une ligne de souliers sans un sou, je n’aurais jamais créée, j’aurais écouté beaucoup de personnes autour de moi qui m’auraient plus conseillés d’avoir un parcours classique. Au final, j’ai arrêté mes études après le collège et j’ai tout de suite commencé à créer, à aller à l’atelier pour apprendre à fabriquer une chaussure de mes mains. Il y avait une certaine forme de transgression aussi par rapport à l’éducation. Les gens pensent que c’est mieux de faire que de la chaussure pour femme ou uniquement pour l’homme. Moi je suis un mélange de tout ça. Je suis un passionné de skate. Le skate m’a amené au savoir-faire et ensuite à la chaussure pour femmes, à être passionné de sneakers pour justement dessinée et avoir une ligne dédiée à la sneaker avec Undun. Le skate m’a donné la créativité pour pouvoir peindre.

Eugène Riconneaus Dr.Martens Première Vision Salon Collection Capsule

Eugène Riconneaus

Undun

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