Rencontre avec Rudy Gobert, le meilleur défenseur de la NBA



Deux mètres 16. C’est ce que mesure Rudy Gobert le pivot du Jazz de l’Utah qui vient de s’asseoir dans le canapé devant nous. Deux cent seize centimètres de flegme qui, si vous vous laissiez aller à une certaine fainéantise intellectuelle, pourrait vous pousser à croire que le garçon est timide. Grossière erreur. Derrière le calme du fraîchement désigné meilleur défenseur de l’année 2018 en NBA se cache une assurance assumée et assurée. Rencontre.

Ayy, mate-moi pull up comme si j’étais Gobzilla – Hamza

Il n’est pas venu avec son costume rose qu’il arborait lors de la remise des trophées des meilleurs joueurs de la NBA le 26 juin dernier. Un choix vestimentaire qui lui avait pourtant porté chance puisque Rudy Gobert semble justement voir la vie en rose depuis qu’il a été nommé meilleur défenseur de la NBA 2018. Une récompense qui vient auréoler le très beau parcours du français qui évolue dans le plus grand championnat au monde depuis 2013. “Ce n’est pas trop mal ça pourrait être pire. Ce sont des grandes reconnaissances qui font plaisir et qui me poussent à travailler encore plus dur”, nous lance-t-il avec une nonchalance respectueuse. “Je ne pense pas que c’était prémonitoire le costume rose (rires) mais on peut dire que je suis réservé c’est vrai. Je préfère en faire moins mais mieux faire ce que je dis. Par contre côté vêtement j’aime bien ne pas être dans l’ordinaire”.

Pas ordinaire, Rudy Gobert l’est aussi sur les parquets. Depuis la reprise du championnat le garçon ne cesse de recevoir les éloges de la presse : “Gobert est un joueur offensif d’élite”, “Rudy Gobert en passe de détrôner le record de dunks en NBA”, “L’ascension de Rudy Gobert”, “Phénoménal Rudy Gobert”, “Le patron”… Des compliments en pagaille pour celui que l’on surnomme Gobzilla. “J’espère que les gens vont enfin reconnaître mon niveau. En général c’est celui qui score le plus de points qui est le plus médiatisé. Je n’en veux pas au grand public”, reconnait Gobert qui met en parallèle le foot et le basket.  “Beaucoup ne connaisse pas parfaitement les règles et les enjeux du basket. C’est la même chose pour moi quand je regarde le foot je ne comprends pas tous les tenants et aboutissants d’une stratégie ou d’un positionnement qui peuvent aider énormément l’équipe au-delà des buts marqués. Moi le premier, je vais regarder l’attaquant. Maintenant je fais davantage attention à des joueurs comme Kanté ou Pogba qui font un travail incroyable de récupération et de création. Mais les gens reconnaissent de plus en plus l’impact alors peut-être que cette année on regardera davantage mes performances sous ce prisme la”.

 

S’il influe sur le jeu des Jazz on-court, Gobert est également un homme de vestiaire. “J’échange beaucoup avec mes coéquipiers, c’est important la communication dans le sport et en tant que leader il faut communiquer avec ses coéquipiers. Je garde toujours mon calme mais je sais m’énerver aussi. C’est bien de connaitre les enjeux tout en gardant la tête froide et sur les épaules“. Et celles de Rudy sont larges. Deux mètres 36 d’envergures. De quoi accueillir de nombreux trophées. Mais s’il dit obtenir son attitude détendue de ses origines antillaises, celui qui se décrit comme ”un peu trop calme parfois peut-être”, n’avait pas hésité à reprendre Noah Trevor, présentateur aux States du “Daily Show” suite à sa sortie sur l’équipe de France. Le journaliste assurait alors que c’était l’Afrique qui avait gagné la coupe du Monde en raison des nombreux joueurs aux origines africaines.

“Deactivate your show” (Déprogramme ton show, ndlr) avait lancé le basketteur sur Twitter rejoignant ainsi d’autres joueurs français évoluant en NBA (Nicolas Batum, Evan Fournié) qui s’étaient élevés contre la remarque du host américain. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles j’aimerai bien m’exprimer mais je ne le fais pas parce que malheureusement la grand public ne comprend pas toujours tout. Les gens se vexent pour pas grand-chose parfois ou les choses sont interprétées de la mauvaise manière donc c’est dur. Tu marches sur un fil constamment et ça devient vite compliqué de passer un message sans en vexer quelques uns. Mais là je n’ai pas pu me taire. Rares sont les moments où tout le peuple français est uni et certaines grandes plateformes en profitent pour nous diviser plutôt que de nous unir”.

“Il y a 20 ans il n’y avait pas les réseaux sociaux, aujourd’hui tout le monde veut travailler sur sa brand”

Lorsqu’on demande à Gobert si la NBA est en train de connaitre une nouvelle ère, avec le départ de LeBron pour les Lakers ou encore avec toute la mise en scène médiatique autour de Lonzo Ball (on rappelle que la famille Ball a sa propre émission de télé-réalité “Ball in the family”) le pivot de l’Utah reconnait un certain changement : Il y a 20 ans il n’y avait pas les réseaux sociaux, aujourd’hui tout le monde veut travailler sur sa brand. Ça peut être énervant parfois car certains en font un peu trop mais il y a aussi du positif. Grâce à cette nouvelle fenêtre qu’apporte les réseaux sociaux on peut voir davantage les personnalités des différents joueurs. Chose à laquelle les fans n’avait pas forcément accès avant, ou en tout cas pas d’aussi près.”

Sa “brand” (son image de marque, ndlr) Rudy Gobert la travaille. Avec Kevin Idoménée, fondateur de la marque Benklark et ami d’enfance de Rudy. “Nous étions au centre de formation de Cholet ensemble. Je le trouve talentueux et surtout j’aime sa mentalité. Il m’a dessiné quelques pièces sur mesure et j’ai maintenant hâte qu’on voit ce qu’on peut faire ensemble”. Benklark est une griffe à mi chemin entre le luxe et le streetwear et qui a pour leitmotiv de faire fusionner le basket et la mode. Le tennis a Lacoste, le rugby a Eden Park, le basket a Benklark. Et être ambassadeur de la marque permet également à Rudy de faire découvrir une autre facette de sa personnalité : “J‘ai envie que les gens apprennent à me connaitre en dehors du basket, qu’ils découvrent ce que j’aime en dehors du court”

Mais si The Stiffle Tower a des envies off-court, c’est une saison palpitante qui l’attend. “Si je rejoignais la meilleure équipe de NBA et qu’on gagnait le titre de champion de NBA ça aurait moins de saveur que si on réussissait à gagner avec l’Utah. On a construit année après année, on a lutté contre vents et marées alors ce ne serait pas simplement la récompense d’une année mais plutôt celui du travail accompli depuis que je suis arrivé en NBA” avoue Gobert en pensant au titre sacré. Et sa réponse à “on sait que tu apprécies Drake, alors quelles paroles tirées de son dernier album comptes tu utiliser pour ta future légende Instagram” ne fait que confirmer tout le potentiel du français : “I just flipped a switch…”

 

 

Pour ce shooting Rudy Gobert porte des lunettes Fendi par SAFILO, une veste et un tee-shirt deux étoiles Benklark. Une veste de costume BOTTEGA VENETA et une veste kimono AZZARO. Jean et chemise personnels.


Credits
Editor
Hanadi Mostefa
Stylist
Louis Battistelli
Producer
9:29 Artspace Studio Pour Hypebeast France
Photographer
Dai Xiaoyi
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